Le sachet plastique : le must-have en Afrique ?

Par le 06/08/2018 0 1093 Views

Les grandes villes en Afrique ont un point commun : la salubrité. De Cotonou en passant par Abidjan, Lomé, Niamey, les villes africaines sont sales même si d’autres essaient tant bien que mal de faire la différence comme Kigali au Rwanda, Accra au Ghana. Les déchets éparpillés dans tous les coins de rues de ces capitales sont en majorité constitués de sachets plastiques. Un produit très dangereux pour la santé mais aussi pour l’agriculture, l’environnement. Cependant, l’utilisation du sachet plastique est devenue une manière de vivre en Afrique malgré les nombreuses luttes enclenchées çà et là.

Les autorités de l’hôpital « La croix », situé dans le département de l’Atlantique au Bénin, ont interdit depuis quelques années l’utilisation du sachet plastique dans l’enceinte du centre. Une interdiction qui a du faire face à des difficultés mais qui a fini par être acceptée et adoptée par les usagers de l’hôpital. Les autorités expliquent que c’est une mesure pour permettre aux malades de guérir dans un environnement sain, une chose qui facilite et accélère, selon elles, la guérison.

Si ce centre de santé a instauré cette mesure pour lutter contre le sachet plastique, le reste du pays tarde à prendre le pas malgré la loi votée. En effet, l’Assemblée Nationale béninoise a voté le 3 novembre 2017 une loi interdisant intégralement (production, importation, exportation, commercialisation, détention, distribution, utilisation) de sachets en plastiques non biodégradables. Une loi censée être mise en vigueur au mois d’août 2018. Son application amènera tout contrevenant à payer une amende de 10 à 20 millions de francs CFA et un emprisonnement de trois à six mois pour les entreprises productrices ou importatrices. Une période de 6 mois a été donnée depuis la promulgation de la loi pour sensibiliser sur les dangers du sachet. Mais la lutte reste loin d’être gagnée tout comme dans plusieurs autres pays africains.

Le sachet plastique, un danger

« Le sachet plastique est fait à base de pétrole qui est un élément chimique toxique censé ne pas être consommé. A ces résidus de pétrole, on rajoute d’autres éléments chimiques pour la fabrication du sachet. Le sachet n’est pas censé être en contact avec les aliments » dixit Sandra Idossou. Cette jeune activiste Béninoise, lutte contre l’utilisation du sachet plastique dans son pays depuis quelques années. Consultante en qualité de service à la base, elle explique « en tant que citoyenne, je me sens envahir par le sachet plastique. On a laissé les nourritures être emballés par le sachet. L’akassa, aliment à base de maïs, emballé entre temps dans des feuilles de bananiers ou de tecks est de plus en plus emballé dans le sachet. Et là toutes les propriétés du sachet plastique sont transférées dans l’akassa. Et donc en mangeant cet aliment emballé dans le sachet, c’est comme si on buvait le pétrole ».

Sandra Idossou lutte contre le sachet plastique

Ce constat très amer fait par Sandra Idossou l’a amené à entreprendre, vu la dangerosité du sachet plastique, « des actions pour dire stop à l’utilisation des aliments servis ou emballés dans du sachet ». Des actions que d’autres pays de l’Afrique ont entrepris et réussir depuis quelques années.

Les bons élèves

2004 : c’est l’année à laquelle, le Rwanda a déclaré la guerre contre le sachet plastique. Les autorités expliquaient que le sachet plastique était partout, dans les caniveaux, bouchant les égouts. Ce qui provoquait des inondations. Pour arriver au bout de cette lutte, elles sont passées par la sensibilisation sur les risques liés à son utilisation et le civisme des populations. 14 ans après, on n’en voit nul part au Rwanda. Ni dans les rues des villes, ni dans les rivières, ni accrochés aux arbres, ni le long des routes, ni dans les commerces même ceux des petites localités. Un acte qui a valu à Kigali le titre Onu-Habitat de « Meilleure capitale africaine » en 2008 et une réputation enviée de ville la plus propre du continent.

Tout comme le Rwanda, l’Afrique du Sud, plusieurs autres pays du continent essaient tant bien que mal de suivre le pas. De nombreux pays ont suivi ces exemples devenus une tendance sur le continent. La Tanzanie, le Gabon, la Somalie, le Botswana, l’Algérie, le Tchad, le Maroc, le Cameroun, le Mali, la Mauritanie, le Togo, la Côte-d’Ivoire, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Niger, le Sénégal, tous ont une loi qui interdit l’utilisation du sachet plastique. Mais le sachet plastique reste dans plusieurs ménages africains où il est devenu un élément somme tout indispensable. Indispensable mais dangereux.

Des mesures alternatives

Les sachets plastiques jetés dans la nature prennent au moins 450 ans avant d’être détruits. Ils sont donc très nocifs pour l’environnement. Ils représentent une menace pour la santé des humains, mais sont aussi sont souvent ingérés par les animaux. De plus, dans les villes, les sachets bloquent les systèmes d’évacuation et causent des inondations.

Des sacs en papier

Des alternatives sont quand même trouvées depuis quelques années par plusieurs Organisations Non Gouvernementales pour lutter contre le sachet plastique. Elles proposent d’autres emballages biodégradables, le plus souvent en papiers mais aussi en tissu, aux ménages. Mais le coût reste élevé pour certains ménages qui préfèrent le sachet plastique dont la douzaine est de 5f, est à 25fr au Bénin par exemple.

Les autorités ont donc la lourde charge d’accompagner les ONG pour arriver au bout de cette lutte, pour le bonheur des populations.

Perpétue Houéfa AHOMAGNON

Diplômée en journalisme audiovisuel, j'ai découvert après mon cursus universitaire, l'univers des blogs, de la rédaction web. Depuis, je me suis presque auto-formée dans le domaine. Des formations par ci par là, des cours en ligne, tout ce qu'il faut pour me perfectionner et utiliser ces nouveaux médias pour atteindre mes objectifs. Je suis en fait une passionnée des nouveaux médias, des femmes, des jeunes, de la vie au niveau local. Je suis intéressée par les sujets sur l'Afrique, sur la situation des femmes et des enfants sur le continent mais aussi par le développement local. Et c'est ce que je traite à travers mes articles sur ce blog. " La confiance en soi est le premier secret du succès" Ralph Waldo