COVID-19 : L’AFRIQUE AVEC SES REMEDES

Par le 18/06/2020 0 856 Views

Depuis plus de 6 mois, le monde entier fait face à la pandémie du nouveau coronavirus. Le nombre de cas confirmés dans le monde a atteint les 7 millions, dont 3 millions considérés comme guéris contre plus de 400 000 morts. Le continent africain quant à lui recense 177 953 cas de Covid-19 et 4 936 décès dus à la maladie. Si les recherches de vaccins continuent de susciter des débats en Occident, en Afrique des remèdes sensées lutter contre la maladie se multiplient.

Le 17 mars 2020, le quotidien français Les Echos rapportait en exclusivité sur son site les propos du Professeur Didier Raoult affirmant que « on sait guérir la maladie [le nouveau coronavirus] ». Le directeur de l’IHU Méditerranée Infection livrait ainsi les résultats de son test clinique sur le traitement du coronavirus avec la chloroquine. On apprenait alors que « après six jours de test clinique sur la prise de Plaquenil, l’un des noms commerciaux de la chloroquine, seulement un quart des 24 patients tests du Professeur Didier Raoult de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille étaient encore porteurs du virus. » Mieux, poursuit l’article, « associé à la prise d’antibiotiques ciblés contre la pneumonie bactérienne (l’azythromycine), le traitement a totalement guéri les sujets dans la semaine, alors que 90% des malades qui n’ont pas pris de traitement sont toujours positifs. »  Cette annonce a fait l’effet d’une bombe dans le monde scientifique trop précautionneux et suscité l’espoir auprès des milliers de personnes qui ne cessaient de lutter contre la maladie. Mais, cette nouvelle ne réjouit pas tout le monde. Le 22 mai, c’est dans la prestigieuse revue médicale britannique Lancet que quatre auteurs scientifiques ont remis en cause l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans le traitement, avant que trois parmi eux ne se rétractent début juin.

L’Afrique et ses remèdes

A la suite des résultats du Professeur Raoult, des pays africains ont adopté la chloroquine comme traitement contre la maladie. Le Bénin, le Maroc, le Sénégal, pour ne citer que ces pays, se sont aussitôt massivement approvisionnés en ce médicament. Malgré les polémiques autour de l’hydroxychloroquine, les pays africains poursuivent le traitement des malades du nouveau coronavirus avec. Mais, l’Afrique ne s’appuie pas que sur ce médicament. Elle a ses remèdes et le plus connu vient de Madagascar.

Pendant que le monde entier courait dans tous les sens pour contenir la propagation du virus, le président malgache fit une annonce étonnante. Le président malgache Andry Rajoelina a affirmé dimanche 19 avril lors d’une émission télévisée sur la chaîne nationale que son pays a trouvé un remède contre le nouveau coronavirus. Les chercheurs de l’Institut malgache de recherche appliquée (IMRA) l’ont appelé Covid-Organics. Ce traitement présenté sous forme d’une tisane est à “la fois préventif et curatif composé d’artemisia et de plantes médicinales malgaches”. Quelques jours après, des packs de ce médicament ont été envoyés à des pays africains comme l’a promis le président malgache à ses pairs, pour lutter le coronavirus. L’OMS, dans son rôle de régulatrice, s’est empressée de rappeler qu’il “n’existe aucune preuve que ces substances peuvent prévenir ou guérir la maladie”, après avoir reconnu que certains médicaments et remèdes traditionnels “peuvent atténuer les symptômes” du coronavirus.

Les populations africaines n’ont d’ailleurs pas fait cas des mises en garde de l’institution onusienne. Car, depuis des millénaires, les vertus des plantes médicinales ont permis de guérir des maux contre lesquels la médecine moderne n’a pu rien faire. Preuve que les plantes peuvent être un recours contre le coronavirus, avant la découverte malgache, c’est la Ministre congolaise de l’économie, Acacia Bandubola, première personnalité de ce rang à avoir reconnu être malade, qui a annoncé sa guérison. Qu’est-ce qui l’a guérie alors qu’elle n’a jamais été hospitalisée ? Début avril, elle racontait au micro de RFI : « Ce qui m’a aidée les cinq premiers jours, c’était les inhalations. Je mettais des feuilles d’eucalyptus, des feuilles de menthe, je mettais ce que nous on appelle ici les « sindas », de la citronnelle… Il y avait des feuilles de mangue et des feuilles d’avocat. Je mettais ça dans un bassin d’eau chaude. J’inhalais à l’eau chaude, très chaude ! »

Un autre exemple de « remède » signalé en Afrique vient du Cameroun, et plus précisément de l’archevêque de Douala. Mi-mai, Monseigneur Kleda, son « inventeur » qui refusait d’en dire plus sur sa composition l’a annoncé comme local et naturel. Et pour expliquer son efficacité, il apprenait que « En une semaine cela suffit, la personne est guérie. Mais les douleurs viennent à disparaître en vingt-quatre heures. Sur tous ceux qui ont reçu le produit jusqu’à présent – 900 personnes -, on n’a enregistré aucun décès. » Là encore, l’OMS réagit ! Elle assure « ne pas être opposée à la médecine traditionnelle, mais insiste sur la nécessité de soumettre chaque produit à des essais cliniques rigoureux, afin de s’assurer de leur efficacité. » Mais alors. Si la pandémie Covid-19 continue sa propagation exponentielle avec chaque jour de nouveaux cas d’infection, si elle fait autant de morts jusqu’à présent, – un peu plus de 7,3 millions de personnes infectées et 414.393 morts – qu’est-ce que cela coûterait de se pencher sur les « remèdes » africains ? Il faut dire que la logique qui gouverne notre monde capitaliste peut être inextricable, tant les intérêts sont nébuleux et mêlés.

Par exemple, après avoir contredit le Professeur Raoult sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans la célèbre revue Lancet, trois des quatre auteurs de la publication se sont ensuite rétractés seulement quelques jours après. Pour quelles raisons ? RFI en fournit une réponse : « les trois auteurs disent ne plus pouvoir se « porter garants de la véracité des sources des données primaires » utilisées pour leur étude sur l’hydroxycholoroquine dans le traitement du Covid-19. La raison : la société les ayant collectées, dirigée par le quatrième auteur, refuse de donner accès à la base de données ».

L’Afrique devra se reprendre pour trouver ses propres solutions aux maux auxquels elle fait face, fussent-ils mondiaux. “C’est vraiment le moment pour les chercheurs malgaches de montrer leur savoir-faire. De plus, nous voyons ces plantes médicinales à Madagascar, qui peuvent être utilisées pour arrêter la pandémie”, disait le président malgache, s’adressant à ses compatriotes. Cela vaut pour les chercheurs africains en général.