Suicide en Afrique : un acte très négligé

Par le 30/01/2021 0 2016 Views

Un tour de l’actualité mondiale et on est sûr d’apprendre un cas de suicide dans un pays ou dans un autre. Le taux de suicide dans le monde s’accroît chaque année et devient inquiétant. Si sous d’autres cieux, l’acte est pris au sérieux et ceux qui présentent un signe de suicide sont très tôt pris en charge, en Afrique, le sujet est presque tabou. Mieux, ceux qui pensent l’idée sont refoulés avec rigueur et subissent de la part de leur entourage des moqueries puisqu’ici, être suicidaire, c’est faire preuve de lâcheté.
La mine consternée, les yeux tous larmoyants, Stella ne s’en revient toujours pas. La nouvelle qu’elle vient d’apprendre la met dans un état triste et la laisse toute stupéfaite. En effet, elle vient d’apprendre que sa meilleure amie a mis fin à ses jours en avalant une boîte de comprimés destinés aux animaux domestiques. Les parents de la victime, en larmes, tout comme Stella, se posent des questions sur les raisons de cet acte qu’ils trouvent très poussés. Mais en écoutant l’histoire de la défunte, l’on se demande s’il n’y avait pas des signes avant-coureurs sur lesquels les proches ont tôt fait de ne pas comprendre. Il y a un an, la victime venait de perdre l’un de ses grands-frères, celui avec qui elle était plus complice. Après le départ de ce dernier, Stella nous confie que son amie avait changé, se laissant aller à fréquenter des personnes aux moralités douteuses, se pavanant dans des lieux insolites, consommant exagérant de l’alcool et fuguant de plus en plus. Ce que son entourage considérait comme une crise d’adolescence ne prendra jamais fin. Parce qu’après l’un de leurs voisins (45 ans) du quartier, c’est au tour de Gloria (17 ans) de mettre fin à ces jours. Incroyable, inconscient, lâche, sont les qualificatifs donnés à cet acte de Gloria, qui ne reviendra jamais vers ses proches pour s’expliquer. En attendant, ceux-ci sont inconsolables. Perdre deux enfants en l’espace de quelques mots est impensable et peut être que les manigances des ennemis sont dans l’ombre.
Le taux de suicide s’élève
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, près d’un million de personnes se suicident chaque année.  » Plus de 800 000 personnes par an meurent en se suicidant et le nombre des tentatives est encore beaucoup plus élevé. Chaque année, des millions de personnes sont donc confrontées à des pertes cruelles dues à des suicides. Ces décès peuvent intervenir à n’importe quel âge de la vie et le suicide représentait la seconde cause de mortalité chez les 15 29 ans dans le monde« . Précisément sur le cas de l’Afrique, les données de l’OMS dégagent un taux moyen de douze suicides pour 100 000 habitants, taux qui est de 10,5 au niveau mondial. Fait remarquable : en moyenne, les africains se suicident nettement plus que les femmes. Il est révélé que l’on se suicide beaucoup moins dans le Maghreb avec des taux de 3,3 en Algérie, de 3,2 en Tunisie et de 3,1 au Maroc. Le taux est encore plus bas à Sao Tomé et Principe, pays d’Afrique de l’Ouest : 2,1. Par contre, dans la même région, au Nigeria, il est de 17,3. Il s’élève même à 23 en Côte d’Ivoire. Mais toujours en Afrique de l’Ouest, il est de 8,7 au Ghana; de 16,6 au Togo; de 15,7 au Bénin, trois pays coincés entre Côte d’Ivoire et Nigeria. Au vu des chiffres, la situation est encore plus grave dans un État d’Afrique australe comme le Lesotho (28,9), enclavé dans l’Afrique du Sud où le taux est beaucoup plus bas à 12,8. Un chiffre qui s’élève à 19,1 au Zimbabwe voisin…Un peu plus haut, en Afrique de l’Est, le taux de suicide est de 20 pour 100 000 en Ouganda et de 15 au Burundi. Mais de 5,6 au Kenya, de 11 au Rwanda, 9,6 en Tanzanie.
Quelles solutions?
Les chiffres sont quand même alarmants dans une Afrique où on considère que dis je, on inculque dès le bas-âge qu’il faut rester fort peu importe la situation. De l’autre côté, la situation est telle qu’il est mal vu d’aller faire une consultation psychologique. Il y a un manque de confiance en ces médecins et rien n’explique les élans de suicide dans une culture très traditionnelle. Face à ceci, il est difficile d’en parler ou de se faire consulter dans ce cadre. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), par son plan d’action pour la santé mentale 2013–2020, préconisait de renforcer les dispensateurs de soins non spécialisés, afin qu’ils intègrent la santé mentale à leur prise en charge, permettant l’utilisation de moyens à faible coût, à grande échelle, et ce dans un cadre communautaire. L’OMS insistait également sur la nécessité d’articuler santé physique et santé mentale, pour une prise en charge globale et multidimensionnelle de l’individu selon Science Direct.
Le site de son côté conseille aussi « de sensibiliser à la pratique psychiatrique. Un pré-requis à ce travail est de briser le tabou autour du suicide, qui peut concerner toute personne quels que soient son sexe, son âge, sa culture et sa religion. Destigmatiser le suicide autorisera les patients à en parler, et permettra aux soignants de leur porter un regard non jugeant et non culpabilisant, donnant accès à une évaluation plus fine, notamment par le biais d’échelles d’évaluation simples ».

Perpétue Houéfa AHOMAGNON

Diplômée en journalisme audiovisuel, j'ai découvert après mon cursus universitaire, l'univers des blogs, de la rédaction web. Depuis, je me suis presque auto-formée dans le domaine. Des formations par ci par là, des cours en ligne, tout ce qu'il faut pour me perfectionner et utiliser ces nouveaux médias pour atteindre mes objectifs. Je suis en fait une passionnée des nouveaux médias, des femmes, des jeunes, de la vie au niveau local. Je suis intéressée par les sujets sur l'Afrique, sur la situation des femmes et des enfants sur le continent mais aussi par le développement local. Et c'est ce que je traite à travers mes articles sur ce blog. " La confiance en soi est le premier secret du succès" Ralph Waldo