Salle de cinéma en Afrique : la renaissance est-elle possible ?!

By on 01/07/2019 0 1859 Views

En Afrique, le cinéma reste au premier plan. Il draine toujours un nombre important, tant les cinéphiles restent fiers des productions africaines. L’industrie du cinéma africain se révèle très prometteur vu l’essor des films nigérians surnommé Nollywood ou encore des productions des autres pays. De ce fait, plusieurs festivals de films ayant une renommée internationale comme le FESPACO, le Festival international du film de Durban, etc., sont présents et se tiennent chaque année sur le continent. Mais en Afrique, les salles de cinéma ont connu un déclin. Elles sont plusieurs à fermer leurs portes dans les capitales africaines. Ce qui reste un point négatif pour le 7ème art africain.

De Cotonou en passant par Lomé, Abidjan, Bamako, les salles de cinéma entre temps très prisées, ont presque toutes été fermées. Le déclin a été total. Lentement mais surement des salles de cinéma telles que, le Cinéma le Bénin au Bénin, le Lux et le Rio à Bamako, le Paris et l’Ivoire à Abidjan, ont fermé leurs portes enlevant presque aux cinéphiles le goût des projections de films dans les salles. Le site Africa diligence dit qu’en Afrique centrale et de l’Ouest, le marché de la distribution cinématographique en salle s’est effondré en 10 ans. « Entre 2005 et 2015, le chiffre d’affaires a été divisé par 70, provoquant la disparition quasi-totale des salles de cinéma dans les grandes capitales africaines ». Or que les salles de cinéma participent à l’essor du cinéma. Cairn.info confirme ce point en expliquant que « depuis près de deux décennies, la production cinématographique des pays africains s’est effondrée, disparaissant même totalement dans certaines nations, malgré les efforts de festivals régionaux et internationaux destinés à la promouvoir – Les Écrans noirs depuis 1996 au Cameroun ou le Fespaco de Ouagadougou au Burkina Faso – qui tentent de soutenir le cinéma et le marché du film africains sur ce continent ». Plus loin, le site met l’accent sur la corrélation entre l’effondrement du cinéma africain et la disparition des salles de cinéma. « Notre position est de dire qu’il n’y a pas de marché sans marchands et il ne peut y avoir de marchands sans chalands. La crise de la production s’est opérée avec la fermeture des salles de cinéma et de nombreux pays n’en recensent plus aucune sur leur territoire » dit Claude Forest, l’auteur de l’article ‘’l’industrie du cinéma en Afrique’’ relayé par cairn.info.

Le FESPACO est l’un des grands festival du film panafricain sur le continent. Il se tient tous les 2 ans au Burkina Faso

Des raisons différentes

« Les salles de cinéma ont été créées pour servir de projections. Les salles de cinéma ne jouent pas uniquement le rôle de  » projections de films « . Une salle de cinéma a pour but premier, de rassembler, d’informer, de distraire » nous dit Éric Azanney, Directeur de la plateforme d’informations culturelles et politiques Awaleafriki.com, pour mettre l’accent sur l’importance d’une salle de cinéma. Claude Forest suivant cette logique sur l’importance des salles de cinéma explique aussi que « de faible valeur économique, la salle de cinéma – quelle que soit sa taille ou son organisation comme sa gestion – reste tout de même une instance de forte valorisation symbolique, en tant que lieu originel et unique de consommation collective durant un demi-siècle. Avec des importances variables selon les époques et les nations, elle constitue partout dans le monde le point de départ de la chronologie des médias – ordre de diffusion du film sur ses différents supports – et également la source de la remontée de recettes ». Mieux selon lui, l’argent que le spectateur verse au guichet sert à faire vivre la salle et son personnel – voire indirectement un ensemble de commerces qui lui sont adjacents – mais aussi celui qui a commercialisé le film, le distributeur, ce dernier en reversant à son tour, proportionnellement, une partie au producteur afin de rémunérer son travail et celui de l’équipe du film, et lui permettre de financer de nouvelles œuvres.

Mais cette chaine s’est détériorée pour plusieurs raisons. Eric Azanney dit que « Le Bénin ne dispose pas réellement de salle de cinéma. Les salles de Cinéma telles Ciné Concorde, Ciné Okpè Oluwa, Ciné le Bénin, aujourd’hui ont perdu le pourquoi de leur existence. Elles servent aujourd’hui à tout sauf faire du Cinéma ».  Les raisons restent évidentes selon le journaliste culturel. Pour lui, les Africians se désintéressent des salles de cinéma aujourd’hui parce-que, les médias numériques mais aussi traditionnels telle la télévision ont pris la place du cinéma dans leur vie. De son côté, le réalisateur, comédien Samson Adjaho explique que les privés comme l’Etat qui mettaient en place des salles de cinéma le faisaient surtout à des fins commerciales. « Ils n’étaient pas des exploitants, des spécialistes parce qu’exploiter une salle de cinéma, c’est un métier, c’est une entreprise où il faut maitriser les circuits, les rouages. Il faut avoir le flair, gérer les contacts, avoir les licences ». Il ajoute qu’avec l’apparition des supports DVD, les salles ont connu un flop terrible parce que les exploitants de ces salles n’étaient pas du domaine, ils n’étaient pas préparés à cet envahissement. « Les gens n’avaient plus le réflexe d’aller en salle et ça a plombé la plupart des salles de cinéma » dit le réalisateur Samson Adjaho.

Les salles de cinéma Canal Olympia sont de plus en plus présentes dans des capitales d’Afrique Francophone

Une renaissance possible ?

Alors que des grandes productions cinématographiques américaines déboulent sur le marché, les africains ont depuis retrouvé la possibilité d’aller au cinéma. De grands groupes français essaient de reconquérir le marché offrant aux africains la jouir de regarder encore des films dans des salles. Le site de Radio France Internationale informe que « le groupe Vivendi à travers son réseau CanalOlympia a déjà ouvert depuis 2017 huit salles de cinéma dans sept capitales africaines dont Dakar au Sénégal et Ouagadougou au Burkina Faso. D’ici la fin du second semestre 2018, le groupe Pathé-Gaumont, leader dans l’exploitation des salles en France va inaugurer son premier multiplex en Tunisie ». En 2017, les salles de cinéma du réseau CanalOlympia, présents dans des pays comme le Bénin, le Burkina Faso, le Sénégal etc., ont comptabilisé plus de 90 000 entrées. Avec des prix à la portée de tous et boosté par le blockbuster « Black Panther » des studios Marvel, ou encore le film 50 nuances de Grey, l’année 2018 a permis au groupe de doubler son chiffre d’entrée.

Face à cela, Eric Azanney nous dit que « les projections de Canal Olympia qui mobilisent les gens, ne sont pas des choses extraordinaires mais Canal Olympia y arrive parce qu’il a pu deviner le besoin des africains et y à ajouter également une organisation donnée, ce qui manque à nos dirigeants ». C’est pourquoi il appelle L’État à faire les premiers pas. Pour lui, il faut d’abord qu’un code afin de disposer d’un code pour les industries cinématographiques. Ensuite, que les dirigeants et politiques africains prennent conscience du manque à gagner que représente le cinéma dans un pays. De son côté Samson Adjaho dit que ce n’est plus à l’Etat de gérer les salles de cinéma. Il faut faire un appel d’offres et laisser ça à des particuliers à qui des comptes seront demandés. Ils pourront ouvrir des salles répondant à des normes internationales avec des salles pour qu’on se cantonne plus seulement à Canal Olympia mais aussi pour que quand les producteurs font des films, qu’ils arrivent à faire un circuit et rentrer dans leurs fonds. « Parce que ce sont les salles de Cinéma qui permettent de faire des chiffres et amortir les dépenses à défaut de faire des recettes » précise le réalisateur.

Perpétue Houéfa AHOMAGNON

Diplômée en journalisme audiovisuel, j'ai découvert après mon cursus universitaire, l'univers des blogs, de la rédaction web. Depuis, je me suis presque auto-formée dans le domaine. Des formations par ci par là, des cours en ligne, tout ce qu'il faut pour me perfectionner et utiliser ces nouveaux médias pour atteindre mes objectifs. Je suis en fait une passionnée des nouveaux médias, des femmes, des jeunes, de la vie au niveau local. Je suis intéressée par les sujets sur l'Afrique, sur la situation des femmes et des enfants sur le continent mais aussi par le développement local. Et c'est ce que je traite à travers mes articles sur ce blog. " La confiance en soi est le premier secret du succès" Ralph Waldo