La crise de l’eau au temps de la COVID-19 : un enjeu vital pour les pays africains

Par le 26/05/2020 0 992 Views

Dès le début de la pandémie de COVID-19, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a mis en place des mesures de prévention pour réduire le risque de contamination des populations. Parmi les consignes à respecter, figure le lavage des mains à l’eau et au savon. Mais dans un contexte où l’accès à l’eau courante est un véritable calvaire dans plusieurs pays africains, ce simple geste est considéré comme un luxe que les populations n’ont pas toujours la possibilité de s’offrir. Ce qui remet en question la capacité des États africains à faire face à la maladie.

L’eau est une ressource naturelle indispensable à la survie de l’homme sur terre et pour un environnement propre. En effet, elle assure les diverses fonctions nécessaires à la préservation de la vie sur la planète. Lenntech.fr affirme que « nous utilisons de grandes quantités d’eau chaque jour, car l’eau est utilisée pour beaucoup de choses. Nous utilisons l’eau pour boire, pour faire la vaisselle, pour prendre une douche, pour rincer les toilettes, pour cuisiner et pour beaucoup d’autres choses encore. Mais l’eau n’est pas seulement utilisée à des fins domestiques, on l’utilise aussi dans l’industrie et dans l’agriculture ».

Longtemps considérée comme abondante, l’eau est pourtant rare dans certains pays. En cause, l’inégalité dans sa répartition géographique sur le globe terrestre et la mauvaise gestion dont elle fait l’objet. Bien que possédant de grandes ressources en eau, l’Afrique reste le continent le plus touché avec 450 millions de personnes soit près de la moitié de la population qui subit le manque en eau potable. L’Afrique subsaharienne est la zone du continent où la crise est le plus criard. Non seulement l’accès à l’eau salubre est compliqué puisqu’il faut parcourir des kilomètres pour s’en procurer, mais également, on assiste à la cherté des branchements. À ceci, s’ajoute une gestion inadéquate des différentes sources d’approvisionnement. Or pour combattre les maladies infectieuses comme celle qui sévit actuellement, l’utilisation de ce précieux liquide est vivement recommandée pour se laver les mains. Mais comment s’adonner à cette pratique lorsqu’on a un faible accès à la ressource ?

L’accès à ‘eau reste difficile dans plusieurs pays et surtout ceux du continent Africain

Une crainte justifiée

Alors que le coronavirus avance progressivement sur le continent avec un taux de contamination qui s’élève à 95 068 cas et 2990 décès au total, l’OMS insiste sur le respect des règles d’hygiène pour limiter la propagation du virus. Pourtant, à l’heure actuelle, des millions d’Africains n’ont pas la possibilité de se laver les mains comme il est conseillé de le faire. Selon les chiffres avancés par l’ONU lors de la Journée mondiale de l’eau le 22 mars 2020, c’est 75 % de la population d’Afrique subsaharienne qui se trouve confrontée à cette situation. Ce qui accroît considérablement le risque de contamination et fait craindre par conséquent, une flambée de l’épidémie dans cette région. Surtout dans les centres urbains considérés comme les principaux foyers de la maladie où la nécessité du lavage des mains prend tout son sens. Comme l’indique sur son site l’UNICEF « les populations urbaines font face à un risque plus élevé de contracter des infections respiratoires virales en raison de la densité de la population et de la fréquence accrue des rassemblements publics dans des espaces bondés, tels que les marchés, les transports en commun et les lieux de culte. Les habitants des bidonvilles – qui constituent la pire forme d’implantation sauvage – sont particulièrement vulnérables. Dans un tel contexte, le lavage des mains devient encore plus important ». Cette inquiétude justifie certainement les propos de Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS qui appelait en mars dernier les pays africains à « se réveiller et à se préparer au pire ».

Néanmoins, les dirigeants des pays qui connaissent des difficultés dans l’approvisionnement en eau potable ont tôt fait de mettre en place des mesures spéciales en cette période critique. Comme rapporté par l’Agence Ecofin « au Cap oriental par exemple, 47 camions-citernes ont ainsi été acquis pour distribuer de l’eau dans les communautés identifiées pour connaître des pénuries d’eau. En outre, plus de 1000 réservoirs d’eau ont été également achetés et sont actuellement livrés à ces communautés ». Des organismes internationaux ont également décidé de mettre la main à la pâte en dotant certains pays d’installations dédiées au respect de ladite mesure. C’est le cas de la Banque mondiale qui affirme sur son site que « des dizaines de nouveaux dispositifs de lavage des mains dans les lieux publics tels que les marchés et les grands points de passage seront financé » en République démocratique du Congo.

Cependant, la plupart de ces mesures sont mises en place uniquement pour répondre à l’urgence que constitue la lutte contre la COVID-19 et non pour faciliter l’accès à l’eau potable sur le long terme. Toutefois, les spécialistes espèrent encore que les gouvernants africains vont tirer leçon de la crise sanitaire et se rendre compte de l’urgence qu’il y a à améliorer de façon durable l’accès des populations à cette ressource vitale.

Murielle HOZANHEKPON

Riche d’une formation en Protection de l’Environnement, je suis spécialisée dans l’Aménagement et la Gestion des Ressources Naturelles que j'ai validé par l'obtention d'un master. Passionnée d’écriture et de tout ce qui est média numérique, je rentre très vite dans l'univers de la rédaction web. C’est donc tout naturellement que je me lance dans la rédaction des articles pour informer et sensibiliser un grand nombre de personnes. Et mes thématiques favorites tournent le plus souvent autour de l’écologie, de la nature et des énergies renouvelables, même si j’aborde également des sujets qui ont trait à la santé et aux faits de société. « La plus grande victoire de l’existence ne consiste pas à ne jamais tomber, mais à se relever après chaque chute » Nelson Mandela.