Afrique : le pari des élections malgré la Covid-19

Par le 22/05/2020 0 998 Views

Le Covid-19 continue de faire son chemin dans le monde. Sur le continent africain, même si la situation n’est pas aussi alarmante comme celle des autres, l’appel à la vigilance et au respect des gestes barrières restent toujours de mise. On dénombre à la date du 22 mai, 99 977 de cas confirmés, 3 093 décès contre 39 336 guérisons. Toutefois, les analyses ne réfutent pas une probable aggravation de la situation. Et le maintien des différentes élections sur le continent laisse craindre cette probabilité.

Dimanche 17 mai, les béninois en âge de voter, ont été appelés aux urnes pour élire leurs conseillers locaux, communaux et municipaux. Alors que le pays comptait ce jour-là, 339 cas confirmés et 2 décès. La situation ayant évolué, le nombre de cas confirmé finalement au lendemain des élections, a diminué, pour être à 135 cas et 3 décès. La situation de Coronavirus n’a pas été un frein à l’organisation de ces élections. Les électeurs ont été rassurés par les différentes institutions organisatrices des élections sur la sécurité et les mesures prises pour respecter les gestes barrières dans les différents centres de votes. France 24 rappelle que « pour limiter la propagation du virus, le gouvernement a interdit les meetings politiques et les rassemblements de plus de 50 personnes. La campagne électorale s’est donc limitée aux affichages et aux messages diffusés via les médias ». Mais la crise socio-politique dans laquelle vit le pays depuis les élections législatives de 2019 et la pandémie de Covid-19 ont émoussé l’ardeur des populations. On a noté une participation moyenne des populations.

Toutefois, le Bénin n’est pas le seul pays en Afrique à avoir maintenu les élections malgré la crise de coronavirus. En avril 2020, le Mali a organisé les élections législatives. Jeune Afrique informait que « Les électeurs maliens ont commencé à voter dimanche 19 avril pour le second tour des élections législatives. Le scrutin a été maintenu en dépit des violences jihadistes, du nouveau coronavirus et de l’enlèvement du principal opposant Soumaïla Cissé ». Alors que Tv5 Monde informe aussi sur le Triple vote organisé ce mercredi 20 mai au Burundi. « 5,1 millions d’électeurs élisent députés, conseillers municipaux et surtout le successeur de Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 15 ans. Son dauphin, Evariste Ndayishimiye, et Agathon Rwasa s’opposent pour la présidentielle. Les conditions dans lesquelles a lieu le scrutin – Internet coupé, absence d’observateurs internationaux et coronavirus – sont dénoncées par l’opposition ».

Nombre de pays africains maintiennent les élections malgré le Covid-19
Image: TV5 Monde

Faut’il s’inquiéter ?

Le lendemain des élections locales, communales et municipales organisées au Bénin, un internaute s’inquiétait du probable augmentation des cas de malades liés au coronavirus dans les semaines à suivre vu que le virus prend 14 jours avant d’émerger. Déjà que l’interdiction de faire les meetings n’a pas été totalement respectée, certains centres de vote ont fait face le jour du vote, à un grand nombre de votants et ont donc eu des difficultés à faire respecter les 1m de distance entre chaque votant. Dans les autres pays où les élections ont été maintenues, les populations, la société civile et des organisations non gouvernementales se sont indignées du maintien des élections. Au lendemain des élections législatives le 22 mars au Cameroun, les observateurs redoutaient que les personnes arrivées en zone anglophone en provenance de Douala et Yaoundé, les deux épicentres du coronavirus au Cameroun, aient pu importer le virus dans des zones qui ne faisaient jusque-là face qu’à une crise sécuritaire selon DW. A ce jour, le pays compte 4 288 cas confirmés de Covid-19.

Le jeudi 14 mai, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) analysait que « La pandémie du COVID-19 représente un défi supplémentaire pour les processus électoraux en Afrique. Des inquiétudes se font sentir dans certains pays quant à la tenue d’élections libres, équitables et transparentes, alors qu’il faut dans le même temps garantir la sûreté des citoyens. Avec la menace omniprésente de la pandémie du COVID-19, les États sont désormais obligés d’évaluer s’ils sont en mesure d’organiser des élections crédibles, composante essentielle de la gouvernance démocratique, mais aussi de la paix, de la sécurité et du développement ». Avant cette alerte du FIDH, En Ethiopie, la commission électorale avait déjà reporté sine die les élections générales prévues pour le mois d’août. Alors qu’en Côte d’Ivoire, rien n’est encore dit sur le maintien ou non des élections présidentielles prévues pour octobre 2020.

La FIDH rappelle cependant que « des élections crédibles sont caractérisées par l’équité, la transparence et la liberté. La tenue d’élections apaisées est une composante essentielle d’élections démocratiques. La crise du COVID-19 a apporté une composante supplémentaire à la tenue d’élections démocratiques : le caractère sûr des élections au regard de la santé des participants. Les principes d’élections équitables, transparentes, libres, apaisées et sûres sont consacrés dans plusieurs textes internationaux et régionaux ».

Perpétue Houéfa AHOMAGNON

Diplômée en journalisme audiovisuel, j'ai découvert après mon cursus universitaire, l'univers des blogs, de la rédaction web. Depuis, je me suis presque auto-formée dans le domaine. Des formations par ci par là, des cours en ligne, tout ce qu'il faut pour me perfectionner et utiliser ces nouveaux médias pour atteindre mes objectifs. Je suis en fait une passionnée des nouveaux médias, des femmes, des jeunes, de la vie au niveau local. Je suis intéressée par les sujets sur l'Afrique, sur la situation des femmes et des enfants sur le continent mais aussi par le développement local. Et c'est ce que je traite à travers mes articles sur ce blog. " La confiance en soi est le premier secret du succès" Ralph Waldo