JIF 2020/HASHTAG #VRAIEFEMMEAFRICAINE : L’expression d’un ras-le-bol contre les stéréotypes et les violences subies par les femmes

Par le 08/03/2020 0 809 Views

Fin février, est apparu sur les réseaux sociaux le hashtag (mot-dièse) #VraieFemmeAfricaine repris en boucle par les internautes, des femmes pour la plupart. Dénonçant les clichés sexistes que la société véhicule sur les femmes en général et africaines en particulier, #VraieFemmeAfricaine a l’allure d’un ras-le-bol qui vise à libérer la parole sur ce qui est vécu comme une violence par ces dernières.

Aux origines d’un hastag devenu viral

Un soir de février, rappelle Le Monde Afrique, elle regardait « une émission où il se disait que, pour être “une vraie femme africaine”, il ne fallait pas accoucher par césarienne ou avec l’aide d’une péridurale. Comme si, à cause de notre mélanine, nous étions vouées à souffrir ».  Elle, c’est Bintou Mariam Traoré, journaliste et féministe ivoirienne de 26 ans à l’origine de cette campagne. Son sang n’a fait qu’un tour, poursuit le journal qui ajoute que lui sont revenues « toutes les remarques sur ce qui faisait [d’elle] une vraie ou une fausse femme africaine ». 

Alors, le 26 février, en publiant son premier post pour exprimer son indignation, elle était loin d’imaginer que son sentiment trouverait un écho aussi retentissant sur tout le continent. Très tôt, la parole s’est libérée. Sur la toile, on a aperçu un florilège de petites phrases reprenant les stéréotypes sur la femme africaine. Sur un ton ironique, chacune y est allée de son vécu et de son inspiration. « Je subis, je me tais … J’encaisse, je vis le supplice. L’Afrique ne me comprend qu’à ce prix! Et le silence devient mon crédo, wehh je suis une #vraiefemmeafricaine » ; « Une #VraieFemmeAfricaine reste derrière son mari quand ils marchent dans la rue. Marcher à côté est un manque de respect. » ; « Une vraie femme africaine ne s’offusque pas quand son mari la trompe, elle se remet en question ». A la manière du mouvement #MeToo né aux Etats-Unis et amplifié avec l’affaire Harvey Weinstein (du nom du producteur accusé d’agressions sexuelles) pour encourager la prise de parole des femmes, afin de faire savoir que le viol et les agressions sexuelles sont plus courants que ce qui est souvent supposé, et de permettre aux victimes de s’exprimer sur le sujet, #VraiFemmeAfricaine, grâce à la magie des réseaux sociaux, a permis de lever un coin de voile sur ces clichés qui justifient encore des violences que continuent de subir des femmes.

Autant de préjugés que subissent les femmes en Afrique

Transformer le ballon d’essai en une action pérenne pour un changement de comportement

Après quelques jours de publications quotidiennes et de commentaires parfois passionnés, l’engouement autour de #VraiFemmeAfricaine s’éteint. Ce qui fait redouter que mouvement ne soit qu’un buzz qui passe une fois la passion retombée. Or, l’importance du sujet en question appelle à une action pérenne. C’est d’ailleurs par une question qu’un internaute homme a lancé la réflexion. « Au-delà de la campagne, que fait chaque femme (attitudes et comportements) pour changer la perception de la société sur la Femme? », interroge-t-il. Comme pour lui répondre, rapporte Le Monde Afrique, Bintou Mariam Traoré compte bien surfer sur l’élan de son hashtag pour organiser le mouvement et concrétiser des actions. Sur l’intérêt des internautes, elle analyse : « On me disait que ce hashtag ne tiendrait pas soixante-douze heures, mais il est encore là, car il libère la parole des femmes ». En ce jour de la Journée internationale de la femme, il y a lieu de porter #VraieFemmeAfricaine sur le terrain afin que, comme le conclut Sarah-Jane Fouda, universitaire et consultante d’origine camerounaise, le 8 Mars en Afrique « ne soit plus seulement la journée du pagne ».