Elections Présidentielles Américaines :Trump, l’apôtre du chaos

Par le 23/10/2020 0 1017 Views

Le mardi 3 novembre prochain, les américains éliront le président qui va conduire la destinée de leur pays pour les quatre prochaines années. Distancé dans les sondages face à Joe Biden, Donald Trump tente le tout pour le tout afin de renverser la tendance. Quitte à répandre la peur et à semer le doute sur les élections. Fait inédit dans l’histoire des Etats-Unis, il a refusé de s’engager ouvertement à reconnaître les résultats s’il venait à perdre, faisant craindre les violences.

« C’est bon d’être de retour. Je me sens si puissant. Je pourrais marcher au milieu de vous, embrasser les gars, et les belles filles parmi vous, je vous donnerais de bons gros baisers. » Pour sa première apparition après son hospitalisation, Trump a fait du Trump : défier les règles barrières contre la pandémie du Covid-19 qui a déjà fait près de 220 523 morts. Comme rapporté par RFI, c’est sans masque que le président américain s’est présenté face à ses partisans. Pendant près d’une heure, il s’amuse avec son public, glorifie son bilan et se félicite d’avoir retrouvé une forme, une énergie, qu’il jure plus belle que jamais. Distancé dans les sondages par le candidat démocrate Joe Biden, tant au niveau national que dans les états-clés, Trump joue son va-tout, quitte à saper les efforts des autorités sanitaires pour freiner la pandémie du coronavirus. Et il ne se donne aucune limite. Pour Stephen Collinson de CNN, « le président Donald Trump et la pandémie qu’il est censé combattre deviennent incontrôlables. » Ce week-end, la presse américaine a même révélé une conversation téléphonique entre lui et son équipe de campagne. Lors de cet échange, sur un ton frustré et grossier, il a injurié le Dr Anthony Fauci, Directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses. Le qualifiant de « désastre », il a ensuite qualifié ce scientifique réputé et respecté, et d’autres responsables de la santé d’ « idiots ». Selon lui, les gens sont fatigués d’entendre parler de la pandémie mortelle, alors même que les cas sont à nouveau en hausse et que les experts médicaux préviennent que le pire est peut-être à venir. Vendredi, par exemple, signale la chaîne américaine sur son site, les États-Unis ont enregistré plus de 69 000 nouveaux cas de la maladie, le total le plus élevé sur une journée depuis fin juillet. Ironie du sort, son secrétaire à la Santé et aux Services sociaux, Alex Azar, était à la télévision dimanche pour implorer les Américains de prendre exactement les précautions sanitaires que le président lui-même refuse d’appliquer. Comme depuis son élection, Trump est imprévisible et il joue sur les cordes sensibles pour maintenir sa base électorale.

Refus de s’engager pour une transition pacifique

Insouciant du danger que constitue la pandémie, et bravant les règles sanitaires, Trump défie également les institutions qu’il est censé défendre. Mercredi 23 septembre, alors qu’un journaliste lui demandait de prendre l’engagement d’assurer un transfert sans violence du pouvoir, quel que soit le résultat de l’élection, il répondit « Il va falloir que nous voyions ce qui se passe ». Une réaction surprenante qui a indigné son rival démocrate et même jusque dans son camp. « Dans quel pays vivons-nous ? Je plaisante à peine. Je veux dire, dans quel pays sommes-nous ? Il dit les choses les plus irrationnelles, je ne sais pas quoi dire », s’est indigné Joe Biden. Pour le sénateur républicain Mitt Romney, « le transfert pacifique du pouvoir est fondamental pour notre démocratie ; sans cela, c’est le Belarus. Toute suggestion par un président qu’il puisse se soustraire à cette garantie constitutionnelle est à la fois impensable et inacceptable ».

Dans un article intitulé « L’ingérence électorale de Trump menace la démocratie américaine » Stephen Collinson affirme d’entrée de jeu que « la menace la plus dangereuse pour l’intégrité des élections de novembre vient de l’homme qui a juré de la protéger, le président des États-Unis. » Pour mieux comprendre cette attitude, l’analyste développe : « mal traîné dans les sondages, dépassé par la pire crise sanitaire en 100 ans et privé de l’économie de croisière qu’il espérait pour atteindre un second mandat, le président Donald Trump tente activement de discréditer une élection qui pourrait le voir démis de ses fonctions – ou prépare au moins les bases d’une âpre bataille juridique qui pourrait s’éterniser pendant des semaines en cas de résultat serré. » Il ajoute, comme pour donner un conseil à Trump « [ces] mensonges sauvages sur la fraude électorale sont un autre exemple de la façon dont il donne la priorité à son avantage personnel avant les intérêts nationaux et la santé du système politique. Garantir les élections – le fondement d’une société libre – et les institutions qui les soutiennent est un devoir fondamental de tout président, lié par le serment de préserver, protéger et défendre la Constitution. Il en va de même pour assurer une transition pacifique du pouvoir. »