ELECTION PRESIDENTIELLE EN AFRIQUE: La leçon du Niger

Par le 07/01/2021 0 1597 Views

Dimanche 27 décembre 2020, les Nigériens étaient aux urnes pour élire leur nouveau président. Contrairement à ses pairs qui touchent à la constitution pour se représenter à volonté, Mahamadou Issoufou ne s’est pas porté candidat. Toujours comme pour tout faire autrement que ses voisins de la Guinée, de la Côte-d’Ivoire et du Burkina-Faso, les Nigériens éliront leur président au deuxième tour de la présidentielle. Pas de coup KO donc ! Une ode à la démocratie.
Trente candidats étaient allés à la conquête du fauteuil présidentiel le dimanche 27 décembre dernier au Niger. Parmi eux, deux anciens présidents, Mahamane Ousmane et Salou Djibo, et deux anciens Premiers ministres, Seini Oumarou et Albadé Abouba. Mais, pas de Mahamadou Issoufou. Après deux mandats et dix ans au pouvoir, l’actuel président n’a pas entrepris de réviser la constitution de son pays pour s’octroyer un troisième mandat. En cela, sa position est claire depuis 2011, année où il accéda au pouvoir.
A l’occasion d’une interview accordée à Jeune Afrique et publiée le 14 août 2019, il s’est fait plus clair. A la question de savoir si l’idée de rempiler [pour un troisième mandat] ne l’a jamais effleuré, il répondit catégoriquement « Jamais ! Je suis viscéralement un démocrate et je n’ai jamais cru que qui que ce soit puisse être indispensable à la tête d’un pays. L’aurais-je voulu d’ailleurs que notre cour constitutionnelle, qui est sans doute la plus indépendante d’Afrique, s’y serait opposée. L’ex-président Mamadou Tandja s’y est essayé en 2009. On sait comment cela a fini ». Avant de poursuivre : « Et puis j’ai beau chercher, je ne trouve aucun argument qui justifierait que je me sente irremplaçable ou providentiel. Nous sommes 22 millions de Nigériens, pourquoi aurais-je l’arrogance de croire que nul ne peut me remplacer ? ». Promesse tenue donc. Mahamadou Issoufou a respecté sa parole, contrairement à Alpha Condé et Alassane Ouattara qui ont trouvé des arguments pour tordre le coup à la limitation des mandats présidentiels à deux. En 2018, deux acteurs de la société civile de Zinder ayant appelé le président sortant à briguer un troisième mandat ont même été inculpés et placés sous mandat de dépôt.
Mieux, le dauphin désigné, candidat de son parti, n’est pas passé par un coup KO comme cela a été le cas en Guinée, en Côte-d’Ivoire, et au Burkina Faso. Selon les résultats provisoires publiés le 2 janvier, l’ancien ministre de l’intérieur Mohamed Bazoum devra affronter l’ancien président Mahamane Ousmane lors du second tour prévu pour le 21 février.

Mahamadou Issifou, le Président Sortant

Duel des anciens sur fond d’insécurité
L’ancien ministre de l’intérieur Mohamed Bazoum, candidat du PNDS (Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme) est arrivé en tête avec 39% des suffrages. En seconde position figure Mahamane Ousmane, candidat du RDR-Tchanji (Renouveau Démocratique et Républicain), avec 16,99%. Un écart d’un million de voix sépare les deux candidats qualifiés pour le second tour. « Le scrutin n’est pas du tout plié, au contraire, tout dépendra des logiques de grandes coalitions qui vont se former pour le second tour et tout dépendra aussi de la réserve de voix que l’un et l’autre candidat peuvent mobiliser pour ce second tour. Le scrutin reste encore plus ouvert que le premier tour, malgré l’écart de voix qui sépare les deux candidats. », rappelle au micro de RFI le journaliste et essayiste Seidik Abba, spécialiste des groupes terroristes dans la zone du Sahel. Il faut dire que la sécurité sera le thème central de campagne pour ce deuxième round de la présidentielle. Alors que les Nigériens les résultats, deux villages proches de la frontière avec le Mali ont été la cible d’attaques terroristes ayant fait au moins 100 morts selon un bilan officiel. Des attaques qui rappellent au futur président quelle devra être la priorité de ses actions. Les électeurs seront donc attentifs au programme de chaque candidat sur le plan sécuritaire.