Développement en Afrique : l’espacement des naissances, une solution ?
Nous abordons dans cette troisième partie de notre série article sur le développement en Afrique, la question de l’espacement des naissances. La population africaine est pauvre malgré la richesse du sol africain et des autres ressources naturelles importantes dont dispose le continent. Dans les recherches de solution, les spécialistes indexent la démographie croissante du continent. Mais la question quand elle est évoquée, fâche nombres d’Africains qui pensent que le débat est déplacé. Nous parlerons donc d’un sujet sensible.
Elles sont nombreuses, les femmes africaines qui sont contre la planification familiale. Et pour cause, les effets secondaires de ses composantes sur l’organisme. « Dès que j’ai placé l’implant norplant, j’ai constaté quelques semaines après que mon poids s’augmentait. En quelques mois, je suis devenue très grosse. J’ai dû enlever » nous explique Adeline. Elle sera soutenue par son amie qui elle, a fait l’expérience de la pullule. « J’ai eu des menstrues deux fois par mois. Et les jours de menstruations sont devenus plus longs » témoigne-t-elle. Les méthodes contraceptives, même s’il en existe de différents, suscitent encore de la méfiance chez beaucoup de femmes et aussi de familles africaines. Dans un article sur la planification familiale, le Salamins rapporte les propos de la responsable de la maternité d’Hillacondji, dans la commune de Grand-Popo, ville située à 90 km au sud-ouest de Cotonou, la capitale béninoise « Nous éprouvons beaucoup de difficultés à mobiliser les femmes à cause des pesanteurs socioculturelles. Si ce n’était que la difficulté à faire venir les femmes vers nous, nous pouvons supporter facilement. Nous sommes souvent l’objet de menaces voire d’agressions physiques de la part des parents et époux qui nous accusent d’inciter leurs femmes ou filles à l’infidélité, à l’adultère » dit-elle.
Alors que comme le dit le Journal Le Monde bien que la natalité ne cesse de baisser sur le continent, l’excédent des naissances est encore beaucoup plus élevé que le nombre des décès. Le journal écrit exactement « la population du continent africain s’accroît rapidement. Estimée à 140 millions en 1900, elle atteignait un milliard d’habitants en 2010. Elle comptera 2,5 milliards en 2050 et plus de 4 milliards en 2100, selon le scénario moyen des projections des Nations unies. Un humain sur six habite aujourd’hui en Afrique. En 2050, ce sera 1 sur 4, et plus d’1 sur 3 en 2100, selon ces mêmes projections ». Dans le même sens, The conversation renchérit pour dire que si l’on ne retient que les chiffres essentiels, on note que le taux moyen de fécondité en Afrique est de 4,7 enfants par femme (contre 2,2 en Asie et 2,1 en Amérique latine). Mais il atteint 7,4 au Niger – ce qu’avait bien lu Emmanuel Macron – ou encore 6,6 en Somalie et 6,3 au Mali. La pyramide des âges affiche une base très évasée, puisque 60 % des Africains ont moins de 25 ans. À ce rythme, on estime que l’Afrique comptera 1,704 milliard d’habitants en 2030, 2,528 milliards en 2050 et 4,468 milliards en 2100. Soit à cet horizon 40 % de la population mondiale, contre 17 % en 2017.
Un faux argument
Malgré l’alerte donné, ils sont nombreux à penser que l’espacement des naissances n’influe pas sur le développement. Pour plusieurs citoyens lambda que nous avons rencontré, les méthodes contraceptives sont juste des moyens pour rendre malades les femmes en Afrique et contrôler les familles. « Avoir beaucoup d’enfants ou les avoir de façon accélérée n’est que le problème des parents. C’est à ceux de faire face aux charges de la famille et donc ils sont les premiers concernés » argumente Adrien A., un fonctionnaire d’Etat. Il va plus loin dans son argumentaire pour expliquer que les différentes méthodes rendent malades les femmes puisque selon lui « les pullules, les implants et stérilet envoyés sur le marché africain ne sont pas vraiment de bonne qualité et endommagent la santé de nos femmes ».
Requérant l’anonymat, un homme de santé donne son avis en disant « je ne pense pas que la planification puisse nous aider. Nous ne sommes pas encore assez nombreux pour produire de la richesse. Les autres ont peur de notre avancée et trouvent les moyens de nous bloquer. Nous manquons de mains d’œuvre pour les travaux de première nécessité. Il est certes clair qu’il faut un nombre dont on peut s’en occuper mais les ‘’autres’’ l’ont fait, ils sont où aujourd’hui ? Ils ont une population vieillissante les obligeant à faire de l’immigration choisie ». Mais les experts insistent. La planification familiale permettra de contrôler la démographie en Afrique et donc aidera au développement.
Une solution à portée demain
« Le défi de l’Afrique, il est civilisationnel aujourd’hui. Quels sont les problèmes ? Les États faillis ou les transitions démocratiques complexes, la transition démographique qui est l’un des défis essentiels de l’Afrique. Dans un pays qui compte encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien » a déclaré le Président français Emmanuel Macron, samedi 8 juillet 2017, en conférence de presse lors du G20 à Hambourg. Quelques jours après, Salifou Diallo, le président de l’Assemblée burkinabée dira à sa suite : « nous estimons que quand on a des taux de croissance économique des pays qui sont de l’ordre de 5 % à 6 %, avec un taux de fécondité située à 6 % ou 7 %, nous sommes dans une situation de démographie non maîtrisée et nous ne pouvons pas espérer de développement avec une telle situation ».
Parlant des bienfaits de la planification familiale, Partenariat Ouaga explique que Les bienfaits de la planification familiale s’étendent bien au-delà de la sphère individuelle. L’accès à une gamme complète d’options contraceptives réduira considérablement les mortalités maternelle et infantile et améliorera la santé globale des familles. Permettre aux jeunes femmes de décider si, et quand, elles veulent fonder une famille leur offre plusieurs possibilités : rester à l’école, rejoindre la population active ou poursuivre d’autres rêves. « Ce cercle vertueux qui commence par l’autonomisation d’une seule femme peut extirper des communautés entières de la pauvreté. Il existe des preuves incontestables que l’augmentation du nombre de femmes en bonne santé, instruites et actives, stimulera le bien-être économique des pays francophones d’Afrique de l’Ouest » continue le programme.
De l’autre côté, le Docteur Brice Mègninou dit aussi que « la planification familiale est le fer de lance du développement en ce sens que ça permet de maîtriser la démographie et donc le PIB du pays. Exemple la Chine, elle devrait être la 1ere puissance mondiale mais sa démographie la tire en arrière…Contrôler les naissances, permet à la famille de mieux se planifier, de maîtriser ses finances et de former des hommes productifs pour la société facteur de développement. Pour le pays, ça permet de contrôler la démographie, dans nos pays pauvres, le phénomène qu’on observe s’apparente à un serpent qui se mord la queue. C’est les pauvres font plus d’enfants et mettent ces enfants dans la stricte précarité…conséquence, maladies, mauvaise éducation, grossesses indésirées, criminalité, autant de facteurs qui entravent le développement d’un pays ». Le site acotonou, aborde aussi dans le même sens en expliquant que « l’utilisation des produits contraceptifs procure d’importants avantages socio-économiques, favorisant ainsi la réduction du taux de pauvreté. Aucun essor économique n’est possible dans un pays où la maitrise de la démographie devient un mythe ou tarde à être effective. Lorsque la croissance démographique est largement au-dessus de la croissance économique, la pauvreté ne peut que connaitre une ascension fulgurante. Ce déséquilibre contribue à amplifier la pauvreté en limitant les possibilités du gouvernement et des ménages de dégager les ressources nécessaires à l’amélioration de la productivité des ménages et des entreprises ». Le sujet est certes sensible mais face à tous ces différents arguments, il convient de s’y pencher pour l’épanouissement des familles africaines et donc de la société.