Bénin/Hausse des prix de la communication : le décret de trop ?!

Par le 26/08/2018 0 994 Views
Les prix des services de la communication fournis par les réseaux ouverts au public connaitront de la hausse dans les jours à venir au Bénin. Un acte qui sera effectif vu le décret signé par le Président Patrice Talon et certains  de ses ministres dont celui de la communication numérique Aurélie Adam Soulé. Pour nombre de béninois, c’est un grand pas en arrière qu’effectue le pays. Décret N°2018-341 du 25 juillet 2018 portant introduction d’une contribution sur la consommation des services de communication électronique fournis par les réseaux ouverts au Public en République Bénin. C’est par la signature de ce décret que le Président Patrice Talon institue de nouvelles taxes sur la consommation des services de communication. Prenant effet à compter de la date de sa signature, le décret stipule en son article 3 que « la contribution sur consommation est fixée comme suit : 5% du prix hors taxe du service pour tous les services par SMS et internet, 5 F CFA hors taxe par Méga octet dans les cas de l’accès à internet utilisé pour fournir un service par plateforme OTT ou une plateforme de réseau social ». Ces taxes sont donc notamment relatives aux communications par SMS et internet ainsi que par Méga octet (Mo) consommé.
Aurélie Adam Soulé : Ministre de la communication du Bénin
Un frein au développement numérique Faire du Bénin le quartier numérique de l’Afrique, tel est l’objectif du Gouvernement Béninois. Mais la signature de ce nouveau décret suscite moult réactions de la part des béninois qui se demandent si cet objectif est toujours d’actualité. Maurice Thantan, journaliste et bloggeur se demande quelle peut être la cohérence de cette décision au regard de tous les efforts que l’exécutif a fait depuis 2016 pour promouvoir l’économie numérique. Il faut, en effet, se rappeler que depuis son installation, des actions ont été entreprises par le Gouvernement de Patrice Talon pour le domaine du numérique béninois. L’une d’elle est la tournée effectuée par la ministre de l’économie numérique Adam Soulé au sein des startups béninoises. Une façon de se mettre au parfum de la situation de ces dernières mais aussi réfléchir sur l’apport que peut faire le gouvernement pour l’évolution des startups. Ce décret du Gouvernement « va sérieusement affecter l’économie numérique » pense Maurice Thantan. Il poursuit pour expliquer que « l’emploi des jeunes, les apprentissages numériques, la formation à distance, l’entrepreneuriat, les startups et tous les usages numériques vont certainement prendre un coup ». Ces taxes amèneront donc les béninois à payer 15 000 F CFA par mois pour avoir 2GO de forfaits volume avec réseaux sociaux. De nouvelles offres qui font grincer les dents aux béninois et qui suscitent de l’indignation. « Cette mesure va dissuader le consommateur à utiliser les services de communication électronique » estime pour sa part le Président de ‘’La voix du consommateur’’ Robin Accrombessi, cité par les confrères de banouto.info. Pour lui, « en entreprise, lorsque vous voulez propulser vos activités, la stratégie indiquée, c’est l’économie d’échelle, c’est-à-dire les coûts pour une consommation de masse et non le contraire ». C’est donc un frein pour le développement juge t’il. Pour l’activiste béninois Dine Adechian, il s’agit « d’un racket dont la célérité constatée dans la mise en place perturberait les acteurs de l’écosystème des télécommunications au Bénin mais bientôt les consommateurs ». L’activiste se pose cependant la question de savoir quelle est la destination des recettes de cette contribution puisque nul part le décret signé ne parle ni des raisons qui justifieraient cet état de choses mais aussi à qui elles profitent. Nourou Dine Saka Saley, juriste et probable candidat aux prochaines élections législatives, essaie quant à lui d’apaiser les tensions tout en gardant l’esprit d’alerte. Il explique  » ce qui est acquitté par le consommateur sans possibilité pour lui de choisir de payer ou non, collecté par le commerçant et reversé au trésor public est appelé « une taxe ». Non pas une contribution comme maladroitement indiqué dans le décret ayant fuité. Et la création de toute nouvelle taxe est du ressort exclusif de la loi. Le décret est donc non valide ». C’est donc selon le juriste, la seule raison pour laquelle nous n’avons pas encore ressenti les effets des mesures prises dans le décret signé le 25 Juillet, et prévues pour entrer en vigueur dès le 3 août 2018.
Maurice Thantan, tout en espérant que la signature de ce décret est une mauvaise blague, s’attriste du fait que « c’est une vraie manière de stopper ou de décourager les gens, surtout les blogueurs et les journalistes qui utilisent les réseaux sociaux ainsi que les services de communication instantanés ». Alors que le pays connait depuis quelques années un boom dans l’installation des startups et des blogs.
Perpétue Houéfa AHOMAGNON

Diplômée en journalisme audiovisuel, j'ai découvert après mon cursus universitaire, l'univers des blogs, de la rédaction web. Depuis, je me suis presque auto-formée dans le domaine. Des formations par ci par là, des cours en ligne, tout ce qu'il faut pour me perfectionner et utiliser ces nouveaux médias pour atteindre mes objectifs. Je suis en fait une passionnée des nouveaux médias, des femmes, des jeunes, de la vie au niveau local. Je suis intéressée par les sujets sur l'Afrique, sur la situation des femmes et des enfants sur le continent mais aussi par le développement local. Et c'est ce que je traite à travers mes articles sur ce blog. " La confiance en soi est le premier secret du succès" Ralph Waldo