Afrique/Voyage : Bienvenus à Ouaga !

Par le 25/02/2019 0 1472 Views

Samedi 23 février 2019, 23h30, l’un des bus d’une compagnie Burkinabè, vient de prendre la route pour un des pays de l’Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso, encore appelé pays des hommes intègres. Quittant le quartier Joncket à Cotonou au Bénin, le bus, a, à son bord une vingtaine de passagers dont nombreux descendront dans la capitale Burkinabè Ouagadougou, d’autres pour le Mali, d’autres pour une autre ville du Burkina Faso, appelée Bobo Dioulasso. Des passagers dont la plupart savent que le voyage durera une journée mais qui sont loin de se douter du périple qui sera le leur tout au long de ce voyage. Nous étions avec eux.

5 minutes que le bus vient de quitter sa gare située dans le quartier Joncket à Cotonou quand tout à coup une petite dispute s’installe entre deux passagers. Motif : l’alignement des places. Cette jeune dame qui a réservé la place 16 du bus, argumente que sa place est à côté de la fenêtre alors que son voisin de siège dit le contraire. Pendant le quart d’heure que durera cette dispute, les autres passagers resteront presque silencieux, étonnés face à une dispute de place. Un membre de l’équipe de bord viendra décanter la situation avec l’aide de quelques passagers. Ils demanderont à la jeune femme de prendre une autre place. Ce qui fait, laissera place de suite à une petite agitation dans le bus. Pour cause, d’autres passagers essayeront aussi de changer de place, qui pour se retrouver seul, qui pour se retrouver à côté d’une connaissance. Après cette petite agitation, les passagers comprendront vu la direction que prend le bus, que quitter le Bénin pour le Burkina-Faso, se fera par le Togo au lieu de traverser le nord du Bénin comme cela se faisait normalement. Cette option est faite vu la dégradation de la voix Natitingou-Carrefour RN7-Tanguiéta-Porga-Frontière Burkina Faso nous expliquera plus tard l’un des membres de l’équipe de bord.

A 1h30 alors qu’ils s’étaient presque tous assoupis, les voyageurs seront réveillés par l’un des membres de l’équipe qui leur demandera de descendre pour traverser la frontière Bénin-Togo. Pendant 20 minutes au moins les douaniers à la frontière vérifieront les pièces d’identité et les cartes de vaccination des passagers.

carte du Burkina-Faso

Pour ceux qui ont des passeports, ils iront vers le bureau de l’immigration pour les faire cacheter, alors qu’un des passagers n’ayant pas sa carte de vaccination, sera retenue par le personnel présent pour la vaccination. Elle reviendra quelques minutes sans la fameuse carte et sans être aussi vaccinée. Face à notre curiosité, elle nous

répondra avec un petit sourire « on s’est arrangé ». Un arrangement qu’elle refusera de nous expliquer mais qu’elle sera obligée de faire tout au long du voyage où sa carte de vaccination sera demandée.

Voila le bus qui repart vers sa destination. Les voyageurs fatigués ne verront pas cette nuit la beauté de Lomé, capitale du Togo ; très vite, ils se replongeront dans leur sommeil. Ils seront réveillés à 6h30 minutes par le membre d’équipe Didier (nom d’emprunt), qui leur demandera de prendre quelques minutes pour se soulager. Les femmes chercheront des endroits isolés pour leurs rituels du matin alors que les hommes feront le même rituel sans trop de façon. Ce petit moment sera aussi l’occasion pour les uns et les autres d’échanger les salutations et apprendre à se connaitre. « Le trajet vient juste de commencer » plaisante avec nous Didier quand nous lui demanderons la durée du reste du trajet. Dans une ambiance bon enfant, avec plus de familiarités, les passagers regagneront leur place pour continuer la route.

Ouagadougou
image:internet

Un long trajet, plus de dépenses financières ?

Aatakpamè, Sokodé, Kara, Dapaong, toutes ces villes du Togo seront traversées par les passagers. A Kara, ils verront défiler sous leurs yeux, une ville très animée, plus ou moins développée. Des feux de circulations, des immeubles, loin des kilomètres de terre désertiques qu’ils voient depuis quelques heures. Mais le périple continue. La destination Ouagadougou est encore loin. Toutefois, la frontière Togo-Burkina Faso se rapproche. Entre des arrêts pour se soulager, se détendre leurs pieds, les passagers arriveront à la dernière frontière, avant leur destination pour Ouagadougou, à 15h00 T.U. A leur descente du bus, ils seront accueillis par un vent frais et sec, de la poussière, de la terre rouge. Ici, l’harmattan sévit encore. L’ambiance à cette frontière reste la même que celle qu’ils ont laissé au Togo. Des enfants essayant de les attirer pour vendre qui des boissons, d’autres de la nourriture, et plein d’autres articles. Des vendeurs de carte Sim se bousculant pour vendre aussi des puces.

Quelle est la Sim à acheter pour avoir la connexion ? « Orange de la maison de téléphonie Airtel » nous répond le vendeur qui nous harcèle presque depuis notre descente. Mais quelle ne sera notre stupéfaction quand il nous informera qu’il faut débourser 1000 Fr CFA pour avoir cette Sim avec 250 Fr de crédit gratuit. Et ici, pour avoir 40 Mo, les burkinabés déboursent 225 Fr CFA. Sans remettre la somme et mécontent, les passagers se dirigent vers un poste de douanier, pour se faire vérifier leurs pièces d’identité et leurs cartes de vaccination. Après interpellation des deux premiers passagers face au douanier qui tente tant bien que mal de prononcer correctement les noms béninois, les passagers comprendront qu’il y a un rituel de 1000 Fr CFA qui accompagne les cartes d’identité. Quand sure d’elle, l’une des passagers remet sa pièce d’identité et sa carte de vaccination sans la fameuse somme, elle se fera rappeler à l’ordre par le douanier. La jeune dame demande le motif des 1000 Fr. L’agent ne tentera même pas une réponse à sa question. Il met de côté ses cartes et appellent le suivant. Résignée, la jeune dame finira par payer avant de rejoindre le bus où un autre agent de douane vient de s’approcher pour vérification les bagages.

Monument de Ouaga
image: internet

Cette fouille que les passagers pensaient qu’elle durera des heures se fera en moins de 10 minutes. Le douanier regardera superficiellement les bagages. Il demandera aux membres de l’équipe de bord, de lui ouvrir juste les bagages qui sont emballés de sacs plastiques noirs. « Ce douanier est gentil et pas compliqués. Si c’était d’autres, ils feront sortir chaque bagage et examineront tout minutieusement pour chercher la petite bête » nous explique Didier quand nous lui demandons pourquoi cette rapidité dans la fouille.

Après presque une heure à cette frontière et après avoir payé les cartes Sim, les passagers rejoindront le bus pour leur destination. Une destination qui sera coupée chaque 10 minutes par des postes de douanes où par deux fois, ils payeront encore la fameuse 1000 Fr sans explication. Alors qu’à l’un de ses postes, une voyageuse manipulera son téléphone, elle le verra saisie par un agent de douane qui venait d’intimider l’ordre de l’éteindre à une autre. « Il pensait que je filmais l’opération » explique la dame qui après quelques minutes de négociation a pu récupérer son téléphone. Si les passagers après la traversée de la frontière, pensait rejoindre rapidement Ouagadougou, ils feront encore 6 heures sur la route. Fatigués, presque découragés, ils arrivent enfin à destination à 23h30. « Quel pays ! » crieront certains encore sous le coup de ce long trajet. Après avoir récupéré leurs valises, ils prennent chacun la destination pour leur logement, pas le temps d’admirer la ville qu’ils ne croyaient plus voir. Cependant Ouagadougou brille de ses lumières avec dans l’air l’harmattan mais aussi l’odeur des poulets flambés. Bienvenus à Ouagadougou !!

Perpétue Houéfa AHOMAGNON

Diplômée en journalisme audiovisuel, j'ai découvert après mon cursus universitaire, l'univers des blogs, de la rédaction web. Depuis, je me suis presque auto-formée dans le domaine. Des formations par ci par là, des cours en ligne, tout ce qu'il faut pour me perfectionner et utiliser ces nouveaux médias pour atteindre mes objectifs. Je suis en fait une passionnée des nouveaux médias, des femmes, des jeunes, de la vie au niveau local. Je suis intéressée par les sujets sur l'Afrique, sur la situation des femmes et des enfants sur le continent mais aussi par le développement local. Et c'est ce que je traite à travers mes articles sur ce blog. " La confiance en soi est le premier secret du succès" Ralph Waldo