Coronavirus : l’Afrique s’en sort elle mieux ?
La pandémie de Coronavirus, Covid-19, a embrasé tous les continents. Face à une situation inédite que le Président Français, Emmanuel Macron traite de « temps de guerre », tous les pays affectés ou non, ont pris des mesures drastiques pour stopper l’avancée du virus. Toutefois, on note des millions de personnes infectées, des milliers de morts mais aussi un nombre important de cas de guérison. Alors que tout le monde s’attend à l’hécatombe en Afrique, on remarque que la situation reste sous contrôle. Inédit ?
Dans notre premier article sur le Covid-19 sur Kaya Maga, nous avons faire part de nos inquiétudes face à l’avancée du virus mais surtout face au silence des dirigeants africains. En effet, l’OMS dans un communiqué rendu public, début février, avait demandé à des pays africains d’être plus vigilants face à ce virus vu les liens étroits qu’ils entretiennent avec la Chine. 13 pays africains que sont : le Nigeria, l’Algérie, l’Angola, la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo, l’Ethiopie, le Ghana, le Kenya, l’Île Maurice, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, l’Ouganda, et la Zambie avaient été cités et classés comme des destinations à haut risque pour les citoyens des autres pays. Dans son communiqué, l’Organisation Mondiale de la Santé avait conseillé aux pays africains notamment ces 13 que « afin de garantir que les premiers cas soient rapidement détectés, il est essentiel que les pays intensifient leur préparation et, en particulier, mettent en place des mécanismes de dépistage efficaces dans les aéroports et autres points d’entrée importants dans le pays (frontières…) ». Surtout quand on se rend compte qu’il n’y a actuellement que 02 laboratoires de référence dans la région africaine disposant des réactifs nécessaires pour effectuer les tests du nouveau virus « ravageur ».
Peu après ce communiqué, tout est allé très vite. Le ministère égyptien de la Santé a annoncé vendredi 14 février avoir enregistré le premier cas de coronavirus. C’était le 1er cas détecté sur le continent. D’autres cas n’ont pas tardé à suivre. A ce jour, la quasi-totalité des pays sur le continent est désormais affectée par le nouveau coronavirus. On dénombre ce 20 avril 22 313 cas confirmés dans 52 pays. Deux pays sur le continent ne sont pas touchés par le virus. Il s’agit du Lesotho et l’archipel des Comores. On dénonce toutefois plus de 900 décès lié au virus sur le continent. Les pays les plus touchés selon Africanews sont :
- Afrique du Sud (3 158 cas, 54 décès, 903 guérisons)
- Maurice (328 cas, 9 décès, 2018 guérisons)
- Burkina Faso (576 cas, 36 décès, 338 guérisons)
- Cameroun (1 017 cas, 42 décès, 305 guérisons)
- Égypte (3 144 cas, 239 décès, 732 guérisons)
Des chiffres qui, contrairement à ceux de l’occident, laissent croire que les analyses qui prévoyaient la catastrophe, sur un continent ne disposant pas de système sanitaire adéquat, sont pour l’heure fausses.
Afrique, continent d’épidémie
Le continent a toujours fait face à des épidémies. Les conséquences des dernières (Ebola, Lassa) sont encore présentes dans les cœurs. Des milliers de morts, des mesures drastiques pour faire face chaque fois à ces moments difficiles. Sans oublier d’autres maladies qui frappent le continent chaque jour. L’Afrique subsaharienne reste la zone la plus touchée par le paludisme, malgré les efforts menés pour endiguer la pandémie qui touche essentiellement les zones tropicales rurales. En 2018, « le paludisme a touché 228 millions de personnes et tué environ 405.000 personnes, principalement en Afrique subsaharienne » disait l’OMS dans son dernier rapport sur le paludisme dans le monde.
Malgré son manque d’infrastructures sanitaire, le continent a donc l’habitude des pandémies et s’est y faire face. Surtout quand il s’agit d’un virus qui peut être traité par un antipaludéen. Jeune Afrique dans une tribune, explique « la vraie réponse face au Covid-19 réside plutôt dans la mise en place efficace des mesures barrières. Et en cela, l’Afrique est bien mieux préparée que le monde occidental. Que ce soit face à Ebola, à Zika ou dans le cas des conjonctivites saisonnières, l’Afrique a vécu des expériences qui lui ont permis de disposer des mécanismes de réponse adaptés à une telle situation ». Des mesures ont été prises dès que le 1er cas du continent a été annoncé. Fermetures de frontières, d’écoles, d’églises, de lieux de rencontres grands publics, installation de cordon sanitaire, obligation du port de masque, tout a été très vite mis en place pour faire face à la pandémie. Jeune Afrique continue dans sa tribune pour ajouter « par ailleurs, la tergiversation sur l’hydroxychloroquine a été vite dépassée, avec l’adoption d’un protocole thérapeutique au Maroc, au Sénégal, à Madagascar, au Burkina Faso, au Cameroun ou encore en Afrique du Sud. L’appréciation du risque lié à cette molécule est clairement différente dans des pays où, pour traiter le paludisme, les populations prennent le double de la dose préconisée pour le Covid… ». Et même si le continent fera face à une crise économique ou autre à la fin du coronavirus, il pourra s’en sortir. Déjà, les grands créanciers du Club de Paris (pays prêteurs) et du G20, dont la Chine qui est l’un des plus gros créanciers en Afrique avec une créance estimée à 145 milliards de dollars, sont tombés d’accord pour un moratoire sur la dette des 76 pays les plus pauvres de la planète dont 40 pays en Afrique. Certainement, oui, l’Afrique s’en sort mieux face au Covid-19. Et c’est tout le mal qu’on lui souhaite.