Présidentielle aux Burkina Faso : Le défi sécuritaire de Rock Marc Christian Kaboré

Par le 27/11/2020 0 1424 Views

Le président burkinabé est réélu ce jeudi avec 57,87% de voix dès le premier tour. Une large victoire qui signifie que les électeurs préfèrent la continuité à une alternance à la tête du pays des Hommes intègres. Mais, les défis qui attendent Rock Kaboré sont énormes, à commencer par la sécurité.

Un coup K. O. ! Le Burkina Faso n’a pas dérogé à la règle : candidat à sa propre succession, le président burkinabé s’est fait réélire dès le premier tour, emboîtant ainsi le pas à Alpha Condé et Alassane Ouattara. Alors que la population commençait par s’impatienter après les élections présidentielle et législatives de dimanche, la CENI a annoncé les résultats provisoires ce jeudi. Le président Rock Marc Christian Kaboré récolte 57,87%. Il distance largement Eddie Komboïgo, le candidat du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de l’ancien président Blaise Compaoré, qui arrive deuxième avec seulement 15,48% des voix. Un score sans appel pour celui qui a fait campagne sur le thème de la sécurité.

Le cycle de violences

La menace djihadiste est de plus en plus grandissante dans le pays. Comme le rappelle RFI, depuis 2015, les attaques des djihadistes, parfois entremêlées de conflits intercommunautaires, ont fait au moins 1 200 morts et plus d’un million de déplacés. Le 11 novembre par exemple, quatorze militaires burkinabè sont tués dans une embuscade dans le Nord, à Tin-Akoff, rappelle Le Point sur son site. L’une des attaques au plus lourd bilan pour les forces armées ces dernières années. « C’est sous le gouvernement Roch que le feu terroriste s’est allumé, c’est donc à lui d’éteindre les braises aujourd’hui », explique Solange, directrice financière d’une institution internationale de développement, dans des propos rapportés par ce site. Le président Kaboré se sait attendu. Mais, la question qui divise, c’est la stratégie à adopter face aux terroristes.

Négocier avec les terroristes ou les combattre militairement ?

Pour ses adversaires, il faut négocier avec les groupes terroristes, alors que lui, il priorise l’option militaire. Dans une interview à RFI à la veille de l’élection, il détaillait sa stratégie. « Nous disons : priorité effectivement au travail militaire, parce que de toute façon, nous devons sécuriser notre pays, ça c’est une première mission qui est incontournable. Nous devons déployer l’armée, nous devons faire plus de recrutements et nous travaillons aussi avec les communautés locales, pour qu’elles agissent sur tous les Burkinabè qui sont dans ces réseaux, afin qu’ils puissent regagner leur pays, en déposant les armes. »

Maintenant, il est réélu pour un nouveau mandat de 5 ans. Au vu du score et de la distance qui la sépare du deuxième, on peut dire que les électeurs ont massivement adhéré à son projet de société. Il reste à les confronter à la réalité des faits. Car, même s’il prône la fermeté face aux groupes terroristes, lui aussi ne ferme pas la porte au dialogue. « Nous avons déjà lancé, à Djibo et à Dori, un appel pour dire que tous les fils du Burkina Faso qui se sont trompés, qui sont allés travailler dans ce cadre, s’ils veulent venir construire le pays, qu’ils déposent les armes et regagnent leur territoire. » Face aux terroristes, Rock Kaboré fait la politique de la carotte et du bâton.