Médecine traditionnelle dans le monde : une part importante dans les traitements des maladies
Faire recours à la médecine traditionnelle pour soigner ces maux est une pratique très habituelle et ancienne pour certains peuples du monde comme ceux d’Afrique, d’Asie. Cette pratique très conservée depuis des siècles chez ces populations s’est de plus en plus développée mais aussi répandue à d’autres peuples. Recours ultime pour certains en cas de maladie, moyen rapide, efficace et moins onéreux pour d’autres, la médecine traditionnelle fait tranquillement son chemin et occupe, mieux encore, une place très importante dans la médecine moderne.
Alors que son petit garçon se plaint de fièvre depuis deux jours, dame Akobo débarque chez la vendeuse de tisane de son quartier au sud du Bénin. Elle explique à la vendeuse les maux de son enfant. Fièvre, vomissement de couleur verte, manque d’appétit. Très vite, sans trop discuter, la vendeuse mettra plusieurs racines de plantes dans un sac plastique qu’elle remettra à dame Akobo. La consigne est claire : laver toutes les plantes, les mettre ensemble dans une marmite en terre cuite idéalement et préparer à feu doux. La tisane ne doit pas au cours de sa préparation se renverser dans le feu. Cette tisane, quand elle sera tiède devra être donnée à l’enfant tous les jours pendant 5 jours. « L’enfant doit la boire en guise d’eau désormais. Il souffre de paludisme. En buvant la tisane, il urinera beaucoup, ce qui va contribuer à sa guérison immédiate » explique la vendeuse à la maman. Rassurée, celle-ci s’en ira, pressée de suivre les instructions et de voir la santé de son enfant se rétablir. Avant qu’elle ne se sauve, elle nous expliquera néanmoins qu’elle est venue directement chez la vendeuse parce qu’elle ne disposait pas d’assez de moyens financiers. « A l’hôpital, je dépenserai beaucoup dans les analyses, les injections, les médicaments. Ici, c’est plus allégé. J’ai dépensé 500 fr CFa pour avoir toutes ses plantes » nous témoigne dame Akobo. Quant à la vendeuse, qui n’a aucune notion en médecine mais qui a hérité de ce commerce de sa grand-mère, elle nous expliquera que les symptômes décrits par la maman sont ceux du paludisme. « C’est courant en ces temps de pluie. Je lui ai donc vendu des racines de kinkéliba, de l’alcacia, d’autres pour l’anémie et l’appétit » mentionne-t-elle.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la médecine traditionnelle est la somme totale des connaissances, compétences et pratiques qui reposent sur les théories, croyances et expériences propres à une culture et qui sont utilisées pour maintenir les êtres humains en bonne santé ainsi que pour prévenir, diagnostiquer, traiter et guérir des maladies physiques et mentales. Elle est parfois qualifiée de médecine « parallèle ou « douce ». Le Docteur A. définit la médecine traditionnelle en disant qu’elle se rapporte à l’utilisation des plantes (feuilles, racines, écorces) pour soigner des maladies à l’instar des soins modernes, alors que son homologue le Docteur Megninou Brice, médecin en spécialisation de chirurgie générale, dira de ce fait que la médecine traditionnelle est plus ancienne que la moderne. « Cette dernière se base sur des principes thérapeuthiques qui tirent leurs ressources des plantes et organismes (principe actif) » nous informe t’il pour expliquer le lien entre les deux médecines. En abordant aussi dans ce sens, le Dr A. nous dit que la médecine moderne s’est inspirée de l’ancienne. « Tout est parti de l’utilisation archaïque des plantes pour soigner (anti-douleur, antibiotiques étant les plus connus). Ensuite, d’autres propriétés ont été découvertes soit accidentellement soit en se rapportant au mode de vie des animaux. Les anciens praticiens ont remarqué qu’un animal blessé dans la brousse ne meurt pas pour autant alors que leurs seules nourritures sont les herbes. Ils en ont déduit que les herbes ont des propriétés thérapeutiques ».
Un complément pour la médecine moderne…
Parlant de la médecine traditionnelle, l’OMS rapporte que « utilisée depuis des milliers d’années, ses praticiens ont beaucoup apporté à la santé humaine, surtout en tant que prestataires de soins de santé primaires au niveau communautaire. Elle reste très populaire dans le monde. Depuis 1990, elle fait une apparition remarquée dans de nombreux pays développés et en développement » toujours selon l’Organisation. À travers le monde, la médecine traditionnelle (MT) constitue soit le mode principal de prestation de soins de santé, soit un complément à ce dernier. Elle constitue un pan important et souvent sous-estimé des soins de santé. Elle existe dans quasiment tous les pays du monde, et la demande de services dans ce domaine est en progression.
Déjà en 2003, l’OMS dans son rapport de la cinquante-sixième assemblée mondiale de la sante rapportait déjà que « pendant la dernière décennie, le recours à la médecine traditionnelle a connu un regain d’attention et d’intérêt dans le monde. En Chine, 40 % environ de l’ensemble des soins de santé relèvent de la médecine traditionnelle. Au Chili et en Colombie, 71 % et 40 % de la population, respectivement, ont recours à la médecine traditionnelle et, en Inde, 65 % de la population rurale utilisent l’ayurveda et les plantes médicinales au niveau des soins de santé primaires. Dans les pays développés, les médecines traditionnelle, complémentaire et parallèle connaissent un succès croissant. Ainsi, le pourcentage de la population ayant eu recours à ces médecines au moins une fois est de 48 % en Australie, 31 % en Belgique, 70 % au Canada, 49 % en France et 42 % aux Etats-Unis d’Amérique. La médecine traditionnelle a également été appliquée au traitement de maladies très graves comme le paludisme ou le SIDA ». Le même rapport explique aussi qu’au Ghana, au Mali, au Nigéria et en Zambie, les plantes médicinales sont le traitement de première intention pour plus de 60 % des enfants atteints de forte fièvre. « Des études menées en Afrique et en Amérique du Nord ont montré que 75 % des personnes vivant avec le VIH/SIDA ont recours à la médecine traditionnelle, exclusivement ou en complément d’autres médecines, pour plusieurs symptômes ou maladies » peut-on lire. Ces chiffres prouvent clairement la place importante qui est donnée à la médecine traditionnelle dans le traitement des maladies dans plusieurs régions du monde.
Toutefois, plusieurs controverses entourent la médecine traditionnelle surtout quand on parle du dosage et des plantes utilisées. Sur la question des maux dont souffre la médecine traditionnelle, M. T. Professeur en géologie dit qu’il s’agit du dosage et de la portion. « Par exemple pour le cas de dame Akobo, les racines à l’intérieur seules suffisent pour le paludisme. car les concentrations les plus élevées s’y trouvent. Acacia aussi se prépare seule, etc. Donc l’enfant est intoxiqué comme ça » nous dit elle. Pour le Dr A. de son côté, il n’est plus question de s’encombrer de principes actifs sans avoir une idée précise sur son mécanisme d’action; c’est à dire par quelle manière un médicament guéri une maladie. Et donc selon lui, ce détail échappe encore à la médecine traditionnelle. “Les portions utilisées rassemblent beaucoup de principes actifs, alors qu’on sait aujourd’hui que deux principes peuvent s’opposer et s’annuler, comme ils peuvent être toxiques. L’autre difficulté est la quantité à donner pour atteindre le dégré seuil du principe; parce qu’il en faut une quantité pour rester dans la marge d’efficacité sans être toxique” dit il avant de soupirer que telles sont les limites de la médecine traditionnelle. Dans le même sens, le Dr Megninou avancera aussi que “ lorsqu’on ingurgite des tisanes sans connaître le principe actif, sans maîtriser la dose, les contre indications et consorts, On court le risque d’abîmer certaines fonctions vitales du corps à savoir, La fonction rénale (rein), La fonction hépatique (foie), pour ne citer que celles là. Alors prendre les tisanes à tort et à travers peut devenir très dangereux pour l’organisme quand on connaît le coût financier et humain d’une maladie comme l’insuffisance rénale terminale”.
Face à ces appréhensions, le Docteur Mégninou dira que “la tisane n’est qu’une décoction des plantes utilisée pour la médecine traditionnelle. Ces plantes regorgent de principes actifs qui guérissent. Pour tirer le meilleur de la médecine traditionnelle, Il faut une association entre les deux médecines…. Cela permettra de prendre les recettes de la médecine traditionnelle et en faire des études afin de pouvoir donner les bonnes posologies et doses…Une fois ce travail fait, Nous pouvons tirer le maximum de la médecine traditionnelle et pourquoi pas, obtenir des licences pour des remèdes dans nos pays africains.” Vivement!