Les déchets générés par la Covid-19 : de nouveaux polluants dans la nature, comment s’en débarrasser? (partie 2)
La Covid-19 a entrainé l’utilisation des équipements sanitaires pour sa prévention. Mais elle entraine une nouvelle forme de pollution environnementale et un véritable problème sanitaire. En effet, les lingettes, masques, et gants usagés qui sont négligemment jetés sur les trottoirs ou délaissés dans les réseaux d’assainissement, ont un impact négatif visible sur le paysage. Leur présence en pleine nature constitue également une menace pour la santé des personnes qui fréquentent les espaces publics et surtout pour les agents de nettoyage. Ce qui relance non seulement le débat sur la gestion de ces déchets potentiellement infectieux, mais également, les mesures à mettre en place pour lutter contre ces actes d’incivismes. Et c’est ce dont nous parlons dans cette 2ème partie.
Afin de préserver la santé humaine et celle de l’environnement, des consignes sanitaires sont mises en place par les gouvernements de plusieurs pays pour éliminer les déchets générés par la Covid-19. C’est le cas du ministère français de la Transition écologique et Solidaire qui à travers un communiqué a tenu à informer la population des bonnes pratiques à avoir vis-à-vis de ces éléments. Ces recommandations sont reprises par Rouen.fr qui explique sur son site que : « ces déchets doivent être jetés dans un sac poubelle dédié, résistant et disposant d’un système de fermeture fonctionnelle. En aucun cas dans les toilettes. Lorsqu’il est rempli, ce sac doit être soigneusement refermé, puis conservé 24h. Après 24h, ce sac doit être jeté dans le sac poubelle à ordures ménagères. Ces déchets ne doivent en aucun cas être mis dans la poubelle des déchets recyclables ou poubelle « jaune » (emballages, papiers, cartons, plastiques) ».
Mais force est de constater que très peu de personnes respectent réellement ces consignes. Les masques, lingettes et gants continuent de joncher les sols et les trottoirs de nos rues. Face à cette situation, il urge d’instaurer des règles strictes sur le respect des bonnes pratiques et de trouver des solutions adéquates pour débarrasser l’environnement de ces nouveaux polluants.
Des essais de solutions
La première solution à laquelle l’on pense en ce qui concerne la gestion de ces déchets, c’est bel et bien le recyclage. Ce dernier permettrait certainement de réduire la quantité de jetable utilisé, et de limiter par conséquent leur rejet dans la nature. Cependant, elle reste inenvisageable pour le moment. Car comme l’indique au journal Le Temps, Véronique Michaud, professeure à l’EPFL et spécialiste des matériaux composites, « les masques que l’on utilise, qui viennent de Chine pour la plupart, ne sont pas conçus pour être recyclés ». Le processus a tendance à dégrader un peu les longues chaînes de molécules qui le composent et à les casser. Les propriétés mécaniques du polypropylène sont liées à la taille de ces molécules ». De plus, ces équipements de protection usagés font partir des DASRI (Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux).
Toutefois, plusieurs études sont actuellement en cours pour tenter de trouver une technique efficace pouvant permettre leur réutilisation. D’autres entreprises travaillent également à la conception d’équipement de protection médicale à partir de matière biodégradable. C’est d’ailleurs le cas de la start-up suisse dénommé HMCARE, qui a élaboré un masque entièrement transparent, résistant, poreux et donc recyclable. Baptisé le HelloMask, il est également à 99 % dérivé de la biomasse. Mais il ne sera disponible qu’en 2021.
Par ailleurs, les masques en tissu sont aussi une bonne alternative aux jetables. Mais il faut signaler que leur dégradation dépend du traitement reçu par la matière et du milieu dans lequel il se retrouve. Par exemple un masque lavable traité avec du biocide ou des composés de même nature et qui se retrouve dans un environnement où on note la présence de bactéries à cellulolytiques, aura du mal à se décomposer rapidement. Il est donc conseillé de privilégier ceux qui sont fabriqués avec du coton bio. Quand ils sont finalement troués ou déchirés, il est recommandé de suivre les mêmes directives sanitaires que pour l’élimination des masques à usage unique. Sauf s’il est possible de leur donner une deuxième vie. Selon TNTV News, il est par exemple possible « d’en faire des petits mouchoirs, des lingettes, des torchons, des serviettes de bain ou même du lange pour bébé, et pourquoi pas, une couverture en patchwork de masques pour son fidèle compagnon à 4 pattes ? ».
Toujours pour réduire l’empreinte de l’homme sur l’environnement, certains pays ont décidé d’appliquer le principe du « pollueur-payeur » à toutes les personnes qui seront prises en flagrant délit de non-respect des consignes sanitaires mises en place. Pour aller plus vite et empêcher l’intensification de ces mauvaises habitudes, il est de la responsabilité de chaque gouvernement, ainsi que des organisations internationales et non-gouvernementales de mettre en place des séances de sensibilisation de la population. Ceci, afin de mieux les informer et les inciter au respect des directives nécessaires lors de l’évacuation de leurs déchets. Après tout, réussir à protéger la planète de ce nouveau phénomène relève de la responsabilité de tous.