Disparition du Président tchadien Idriss Déby Itno : Pour le père, par le fils
Mardi 20 avril 2021, le monde apprenait la disparition du président tchadien Idriss Déby Itno, mortellement blessé au combat selon les informations officielles. Aussitôt, un conseil militaire de transition a été mis sur pied, avec à sa tête, Mahamat Déby Itno, fils de son père. Cette succession, même si elle est mal vue de l’extérieur, a tout l’air d’une stratégie du fils pour rendre justice à son père.
« Idriss Déby Itno vient de connaître son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille », a annoncé mardi 20 avril le porte-parole de l’armée, le général Azem Bermandoa Agouna. Dans la foulée, il annonce la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale, et la mise en place d’une transition. Pour conduire cette transition, un Comité Militaire de Transition (CMT) composé de quinze généraux a été créé. Comme si tout était prévu de longue date, une charte a même été rendue publique pour conduire cette transition prévue pour durer 18 mois renouvelables. Cette rapidité dans les décisions successives a d’ailleurs suscité des questions et des doutes sur la version officielle des conditions du décès du président Déby Itno. Mais, il n’y a pas de temps à perdre. Une rébellion menée par le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) est aux portes de N’Djaména. Alors, entre l’ordre constitutionnel et la sécurité, le choix a été vite fait !
Un « coup d’Etat » toléré … au nom de la stabilité
Le père mort, le fils reprend le flambeau. Mahamat Idriss Déby Itno dirige le Conseil de transition. Agé de 37 ans, le fils du président défunt est décrit sur le site de par TV5 Monde comme « un pur produit de l’armée, (…) devenu un général quatre étoiles à l’âge de 29 ans. Il a occupé des postes importants au sein de la Direction générale de service de sécurité des institutions de l’État (DGSSIE), la garde présidentielle, base militaire du régime de Déby. Il se distingue auprès des Français lors de combats dans le nord du Mali que mènent ses troupes face aux djihadistes ». Les opposants et la société civile dénonce un coup d’Etat. Et la France ? A travers son président, elle apporte un soutien affiché au CMT. Dans son oraison funèbre rapportée par RFI, Emmanuel Macron prévient : « La France ne laissera jamais personne, ni aujourd’hui, ni demain, remettre en cause la stabilité du Tchad. » Mais, il est également conscient qu’il faut trouver solution à la crise qui dure depuis des années dans ce pays qui représente un maillon essentiel dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Il a donc appelé le Conseil militaire à une transition démocratique, à l’inclusion et au dialogue. Message entendu ! Car, quelques jours après, un premier ministre a été nommé et un gouvernement réunissant des partis d’oppositions a été mis en place. Albert Pahimi Padaré, le premier ministre nommé, a lancé un appel à l’union sacrée dans une « adresse aux forces vives de la Nation ». Mais, comment convaincre les opposants irréductibles à se joindre à la recherche d’une paix durable ? Là est la grande question !