Afrique/perte de la biodiversité : une perte humanitaire
La biodiversité africaine constitue l’une des plus riches au monde. La diversité de son écosystème unique renferme plusieurs espèces animales mais aussi de grands arbres qui permettent de maintenir l’équilibre du continent de Lucie. Mais depuis quelques années, on assiste à un spectacle désolant. L’alerte est en effet lancée sur la disparition de cette biodiversité. Les solutions sont mises en place mais l’avenir reste menaçant.
« Il y a quelques centaines d’années, avant la colonisation, on estime qu’il y avait environ 20 millions d’éléphants en Afrique. Ce chiffre avait été divisé par 20 dans les années 70. Il y a encore dix ans, on pouvait compter sur un demi-million de bêtes dans la savane africaine. Aujourd’hui, un recensement n’en dénombre que 352 000, soit une perte de 30 % de leur effectif en sept ans : un massacre ». Rapporté par ladepeche.fr, ce constat sur la disparition des éléphants en Afrique est le résultat d’une enquête de plus de 6 millions d’euros financée par Paul Allen, le cofondateur de Microsoft. Ce recensement fait sur la disparition certaine d’ici quelques années du plus grand animal terrestre de la savane africaine, ne constitue hélas pas un fait isolé. Selon le Docteur Enseignant chercheur à la faculté des sciences agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi, Fortuné Azihou, les experts de la commission de survie des espèces ont estimé que depuis l’année 1500, il y a eu « l’extinction de 785 espèces dont 79 espèces de mammifères, 145 espèces d’oiseaux et 36 espèces d’amphibiens ». Le Docteur précise en parlant des espèces disparus ou en voie de disparition qu’on peut citer « le Dodo, énorme oiseau aptère à régime frugivore pesant 20kg en moyenne, le zèbre Quagga, le singe à ventre rouge, le lion, le guépard, l’Iroko etc. ».
Selon le site iris-France.org, le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) projette le classement d’une « zone à intérêt pétrolier » dans deux parcs nationaux, celui de la Salonga qui s’étend sur une superficie de 33 350 km2 dans 3 provinces, ce qui en fait le plus grand parc national forestier du continent et le deuxième plus grand parc forestier tropical du monde, et celui de la Virunga, le plus ancien parc national d’Afrique, qui s’étend sur 7,800 km2 à cheval entre les provinces des Kivus et le Rwanda. « La zone d’intérêt pétrolier qu’il est prévu d’installer concerne au total 172 075 hectares soit 21,5 % de la surface totale des deux parcs pourtant classés au patrimoine mondial par l’UNESCO » informera le site. Ce fait pourrait constituer l’une des causes de la disparition des animaux dans cette zone. Pour Murielle Hozanhékpon, Ingénieur en Aménagement et Gestion des ressources Forestières, plusieurs facteurs expliquent la perte de la diversité biologique. Il s’agit notamment selon l’Ingénieur de la perte de l’habitat qui est dû aux activités anthropiques c’est-à-dire l’action de l’homme (déforestation, exploitation des terres, urbanisation). « C’est le premier facteur qui contribue à la disparition des espèces » précisera Murielle Hozanhékpon. Des propos confirmés par le Chercheur Fortuné Azihou. Il ajoutera à ces causes suscitées, la surexploitation, la pollution, les espèces exotiques envahissantes, les changements climatiques.
Un danger pour l’homme
La biodiversité est l’ensemble des gènes, des espèces et des écosystèmes d’une région. C’est comme une grande chaîne qui relie les espèces entre elles. « La disparition d’une seule espèce pourrait bouleverser toute cette chaîne puisqu’elle va faire disparaître d’autres espèces. Ce qui crée un grand bouleversement dans l’écosystème ». Cette explication de l’Ingénieur Murielle sur la relation entre les espèces dénote l’importance de préserver la biodiversité. Les conséquences de son extinction affecteront l’homme si cela n’est déjà fait. Le Docteur Enseignant Azihou explique lui aussi « qu’en Afrique ; 80% au moins de la population dépend de la médecine traditionnelle pour se soigner ». Pour lui, le fonctionnement normal des écosystèmes fournit à l’homme quatre types de services que sont les services d’approvisionnement, les services de régulation du fonctionnement des écosystèmes, les services de support au fonctionnement des écosystèmes et les services culturels offerts par les écosystèmes. « La perte des espèces entraîne le dysfonctionnement des écosystèmes, chaque espèce ayant un rôle particulier dans son environnement » conclura t’il sur la question des conséquences.
Le constat de la disparition de la biodiversité ne laisse indifférent les acteurs du domaine. Des organisations internationales lancent l’alerte et proposent des approches de solutions aux dirigeants africains. Sur le traitement que subit les éléphants, l’ONG WWF traque les braconniers et les trafiquants d’ivoire. Chaque année, le WWF participe également à la conférence internationale sur le commerce illégal d’espèces sauvages, afin de faire en sorte que le commerce de l’ivoire ne soit plus encouragé. Mieux, des recherches sont effectuées afin d’identifier les meilleurs moyens de maintenir les éléphants à distance des hommes et de conseiller les populations qui vivent à proximité de ces animaux. Le site de l’organisation informe « parfois, nous indemnisons les populations pour les dégâts causés par les troupeaux d’éléphants, de façon à réduire les risques de représailles des habitants lésés ».
Murielle Hozanhékpon conseillera de corriger en tant qu’être humain les mauvaises habitudes par rapport à la nature, de sensibiliser les populations sur la biodiversité biologique et son importance. Abordant le même point, le Docteur Fortuné dira qu’il est crucial de travailler à renforcer l’empathie des humains vis-à-vis de la diversité biologique en ciblant très tôt les enfants à travers des visites guidées de jardins botaniques, zoologiques et parcs nationaux. Un défi qui ne peut être surmontable qu’en associant tous les acteurs que sont les populations, les journalistes, les organisations non gouvernementales, les chercheurs et décideurs politiques notifiera le Professeur.