Cancer de sein : le poison lent de ces dames ?

By on 21/10/2018 0 2764 Views

Une femme sur huit risque de développer un cancer de sein selon les organisations sanitaires. Face à la recrudescence de cette maladie, chaque année, depuis 25 ans, le mois d’octobre est consacré à appeler toutes les femmes du monde à se faire dépister. Octobre rose est donc une occasion de mettre en lumière celles et ceux qui combattent cette maladie, d’intensifier l’information et la sensibilisation et de réunir encore plus de fonds pour aider et les chercheurs et les soignants.  

La place des Martyrs de Cotonou était bondée de monde dans la matinée de ce samedi 20 octobre. Hommes et femmes se sont donnés rendez-vous sous initiative de l’Organisation Oasis pour participer à la course rose, une course contre le cancer de sein. Au-delà de cette course faite dans une ambiance festive sur 5 km, les participants ont eu un atelier de sensibilisation sur le cancer de sein mais aussi une initiation à l’auto palpation. Un geste important qui permet de détecter très tôt un début de cancer de sein selon les formateurs.

Selon le site e-cancer.fr, un cancer du sein « résulte d’un dérèglement de certaines cellules qui se multiplient et forment le plus souvent une masse appelée tumeur ». Une définition qu’approuve le Docteur Megninou Ulrich Brice du Centre National Hospitalier Universitaire HKM de Cotonou. Avant de définir le cancer de sein, le Docteur explique qu’une « tumeur est toute excroissance due à une prolifération anarchique de cellules au dépens d’un organe. La tumeur peut être bénigne ou maligne. Lorsqu’elle est maligne, on l’appelle cancer et elle donne droit à des manifestations locales, régionales, à distance et générales ». Le cancer du sein est donc selon le Docteur Megninou Ulrich « une prolifération anarchique maligne des cellules au dépens du sein ».

Le cancer du sein est le cancer le plus diagnostiqué chez les femmes à travers le monde, autant avant qu’après la ménopause. Une femme sur 9 sera atteinte d’un cancer du sein au cours de sa vie et 1 femme sur 27 en mourra. Mais cette maladie ne concerne pas que les femmes même si elles en souffrent plus explique le Docteur Megninou. Son collègue le Docteur Fassinou Jacob appuie pour dire que « le cancer du sein est rare chez le sujet du sexe masculin, il représente moins de 1% des cas de cancer du sein quand bien même il y a beaucoup de facteurs de risque communs aux deux sexes ». Dans son argumentaire, Dr Megninou dira que le sein est, lors de la vie fœtale, formé au niveau des deux sexes. A la faveur de la puberté, il se développe plus au niveau du sexe féminin du fait des hormones féminines qui favorisent ceci. Il conclue en laissant entendre qu’il est donc normal que ce type de cancer « soit plus développé chez les femmes que chez les hommes car c’est une glande qui est soumise aux modifications du cycle chez la femme et intervient dans l’alimentation des nouveaux nés et nourrissons ».  Le site passeportsante.net revient sur les statistiques de la maladie en affirmant que « le nombre de personnes atteintes a progressé légèrement mais régulièrement, au cours des 3 dernières décennies. Par contre, le taux de mortalité a continuellement diminué au cours de la même période, grâce aux progrès réalisés en matière de dépistage, de diagnostic et de traitement ». Cependant, ce n’est pas le cas dans tous les pays du monde. Notamment en Afrique où les femmes continuent de mourir de cancer surtout à cause du dépistage tardif, du manque de soins adéquats ainsi que des préjugés.

Malade du cancer
Image: africaguinée

Le mythe africain

Un an déjà que Lucrèce A. nutritionniste, a perdu tragiquement son amie Edwige. Les yeux dans le vide, l’esprit plein de souvenirs vivaces, elle nous narre l’histoire de son amie morte du cancer de sein. En effet, un matin, dame Edwige, maman de deux petits-enfants, vendeuse de bouillie dans une université publique de Cotonou, explique à son amie sentir une boule dans son sein droit. Face à l’empressement de son amie, elle se rend à l’hôpital. Après consultation, on lui explique qu’elle a un cancer de sein. Face à ce diagnostic, dame Edwige oppose une fuite. Elle refuse de suivre les soins. Quelques semaines après, le sein a commencé par suinter du sang, la peau s’enlevait. Dame Edwige décide d’aller voir des « marabouts ». Ces derniers lui font suivre des « traitements à base d’une certaine poudre noire ». Mais la malade voyait sa santé se dégrader de plus en plus. Le second sein a été aussi attaqué. Parents et mari l’ayant déjà abandonnée, dame Edwige fait face seule aux soins avec l’aide de son amie Lucrèce, refusant quand même les soins, prétextant que sa maladie est effet de sorcellerie. Mais une nuit du mois de septembre, ses résistances se sont affaiblies, elle succombe à sa maladie.

Technique d’auto-palpation

Une histoire qui fait dire à dame Lucrèce combien les femmes en Afrique manque d’informations sur cette maladie. Selon Jeune Afrique, alors qu’aux États-Unis et en Europe environ 20 % des femmes qui en sont atteintes en meurent, cette proportion avoisine « les 60 % en Afrique, du fait d’un diagnostic tardif et d’un traitement inadapté ». La méconnaissance de la maladie et de ses symptômes, les délais de prise en charge, la pénurie de traitements, le manque de compétences locales et le silence des femmes, qui, souvent, redoutent d’être mises au ban de la société, expliquent également ce fort taux de mortalité sur le continent selon le magazine. Abondant dans le même sens, le Docteur Fassinou Jacob explique « la radiothérapie qui est un excellent moyen de prise en charge des cancers du sein n’est malheureusement pas disponible au Bénin, comme d’ailleurs dans la plupart des pays africains excepté l’Afrique du Sud, le Ghana et les pays de l’Afrique du nord ». Le Docteur Megninou dira que c’est pour cette raison que toutes les campagnes de sensibilisation doivent être orientées vers les méthodes de dépistage précoce, surtout l’auto palpation des seins, accessible à toute femme. « Cette auto palpation doit être systématique après les règles chez toute femme, mais aussi doit être systématique lors de toute consultation faite par une femme auprès d’un professionnel de santé. On ne doit manquer aucune occasion pour faire cette auto palpation des seins afin de dépister le plus tôt possible tout nodule dans le sein et de l’explorer » conseillera t’il. Son collègue, le Docteur Fassinou demandera aussi aux femmes de :

  • consulter un spécialiste dès la constatation d’une boule dans les seins
  • pratiquer l’autopalpation des seins
  • pratiquer l’allaitement maternel : la lactation aurait un rôle protecteur.
  • se rendre tôt aux soins avant qu’il ne soit trop tard. Seule la médecine moderne peut traiter efficacement un cancer du sein lorsqu’il est découvert tôt.

Le Docteur Megninou reviendra cependant sur les facteurs de risque de la maladie chez les femmes. Il s’agit selon le médecin de :

– la précocité des rapports sexuels

– l’alcool

-l’obésité

-le tabagisme

-le manque d’activité physique

– la nulliparité (pas d’enfant)

– le facteur génétique (les femmes qui ont des parents qui ont eu le cancer du sein ont des chances plus fortes de faire le cancer du sein).

Perpétue Houéfa AHOMAGNON

Diplômée en journalisme audiovisuel, j'ai découvert après mon cursus universitaire, l'univers des blogs, de la rédaction web. Depuis, je me suis presque auto-formée dans le domaine. Des formations par ci par là, des cours en ligne, tout ce qu'il faut pour me perfectionner et utiliser ces nouveaux médias pour atteindre mes objectifs. Je suis en fait une passionnée des nouveaux médias, des femmes, des jeunes, de la vie au niveau local. Je suis intéressée par les sujets sur l'Afrique, sur la situation des femmes et des enfants sur le continent mais aussi par le développement local. Et c'est ce que je traite à travers mes articles sur ce blog. " La confiance en soi est le premier secret du succès" Ralph Waldo