Humeur maussade pour mœurs noires !
Ces jours-ci, plus qu’à l’accoutumée, l’humeur juvénile béninoise est libidineuse et pleine de concupiscence, ma plume n’en sera que plus caustique. Çà et là, fleurissent, sur les réseaux (dit) sociaux, comme des cortinarius speciosissimus (du nom doucereux de ces champignons qui pourtant sont hautement létales) de courtes vidéos, ou plutôt des immondices filmées, dont le contenu nous laisse pantois et sans voix.
Qu’y voit –on ? De jeunes étudiantes hilares, détaillant de façon goguenarde leur prouesse qu’on qualifiera, pour être sympathique, d’« artistique » ; Que doit-on y voir ? A cette dernière interrogation, il affleure sur mon buvard une flopée de superlatifs à la tonalité triste et révoltante.
Indécence !
Lascivité !
Impudence !
Grossierté !
Frivolité ? Peut-être ! Bêtise et crétinerie, assurément.
Mais au-delà des indignations circonstanciées, des pincements de nez (et de cœur) convenus, il est impérieux et il y a lieu de, nous, interroger sur cette petite musique qui est fredonnée aux oreilles de notre conscience. A cette fin et pour mon plus grand bonheur me vient à l’esprit un essai de Guy Debord intitulé : « La société du spectacle ».
Le Benin en général et Cotonou en particulier semble épouser tous les contours, magnifiquement égrenés par l’essayiste français de cette société du spectacle. En effet nous y sommes, pieds, poings, portables liés dans cette société du spectacle. Celle-là où la quête effrénée et pathologique du buzz est le nouveau Graal. Pour nourrir cette immense et hideuse bête, il en faut toujours plus, toujours plus de photos, de snaps, de « statuts » ; toujours plus d’inconvenances, toujours plus de grivoiseries. Plus il y a de dénudement physique, plus il y a de dénuement intellectuel, plus grande est la rétribution : L’accès au panthéon des « on en parle » Tristesse !
Il est une maxime que j’ai retenu de l’essai précité : « la société du spectacle abhorre deux choses : l’ennui et l’effort ». Ainsi à la paresse, à l’indolence, à l’oisiveté et à la « glandouille » (je me permets le néologisme) dont « l’arnaque par internet » est le triste avatar, il faut donc ajouter l’ambition du divertissement. Ici le divertissement est pris dans son sens pascalien « Divertere » : action de se détourner de. Le divertissement (Cotonois) contemporain est donc l’art de se détourner de la réserve attachée à notre éducation, de la pudeur qu’implique notre identité africaine, de la décence qui découle de notre dignité d’être humain. Double Tristesse !
On rit sous le manteau, on se gausse dans les rues, les écoles, les gourbis et autres lieux, des tribulations de ces jouvencelles, secrètement certains (les vicieux) se verraient bien être leurs hôtes attentionnés. Pourtant une telle mésaventure, outre l’honneur bafoué des demoiselles en question, est une invitation collective à (re)trouver, une boussole, un cap, une direction. Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Que faisons-nous ? Resterons-nous dans l’histoire comme le pays du « bangala challenge ».
A charge pour nous d’offrir à nos (jeunes) sœurs et frères, plein de vitalité qui en désespoir de cause se tournent vers des exutoires fort peu ragoutants, des perspectives, un idéal, une vision. A charge pour nous de bâtir une nation fondée, sur une morale et une éthique axiologique. Loin de moi l’idée de sombrer dans un puritanisme béat, mais plutôt une humble volonté d’ériger une loi morale propre à notre société. Convenez avec moi qu’emprunter les pas de Kant, est hautement plus édifiant comme challenge.
Remettons-nous au travail.
Que Dieu nous bénisse !
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Fifa ZINZINDOHOUE
https://www.youtube.com/watch?v=qMSe4Mk2snU