Viol sur mineurs : le phénomène semble prendre de l’ampleur
Le sujet semble ne pas s’épuiser. On en parle depuis si peu certes mais de plus en plus les langues se délient. Plus de femmes et plus de voix montent au créneau pour dénoncer le viol sur les femmes. Mais le phénomène refuse de s’estomper. Au contraire, il vise d’autres cibles, les enfants filles comme garçons et révèle le visage d’une société qui s’enlise petitement dans l’indécence, l’immoral, et va à sa perte. Mais juridiquement que disent les lois quand on parle de viol et notamment de viol sur mineurs ?
L’affaire a scandalisé la toile et même au sein des familles. Comme d’abord une rumeur, on apprenait dans la soirée de ce lundi 30 septembre le viol d’une petite fille de 3 ans. Mais le mardi 1er octobre, ça se confirme avec la mort de la petite fille que les internautes ont surnommé Grâce. En effet, selon Jeune Afrique, citant la ministre ivoirienne de la Famille et de l’enfant, Ramata Ly-Bakayoko, qui parle « d’un acte ignoble » explique que « Bouassa Ahou Océane est morte après avoir été violée dans son village de Bore-Ettienkro, à 25 km de Dimbokro (centre). La fillette a été enlevée et violée lundi, puis abandonnée dans les broussailles près de son village. Elle avait été hospitalisée à Abidjan sans que les médecins puissent la sauver ».
Et il n’a pas fallu de trop pour que la toile s’enflamme. Des web-activistes ont dénoncé l’acte tout en appelant les autorités ivoiriennes ainsi que les organisations non gouvernementales à se mobiliser pour rendre justice à cette petite fille. La Ministre de la famille de la Côte d’Ivoire promettant que les funérailles de la petite seront prises en charge par l’Etat a aussi rassuré que tout sera mis en œuvre pour que les criminels soient retrouvés et punis. Mais les nouvelles ne vont pas dans le même sens. Nous rapprochant de la Directrice d’une ONG qui lutte contre les violences faites aux femmes, nous apprenons que coupable n’est toujours pas encore pris. Mieux selon celle qui préfère rester sous anonymat, « il s’agirait de l’oncle de la petite mais que l’affaire n’évolue pas ». Tout porte à croire que l’affaire veut être réglée à l’amiable. « Révoltant. Les gens sont justes monstrueux » s’exclame cette web-activiste presque avec colère. Toutefois, des actions se multiplient pour demander justice pour cette petite. Dimanche 06 octobre, ce sont des dizaines de personnes qui ont effectué une marche pacifique dans les rues d’Abidjan pour dénoncer ce crime.
Les chiffres alarmants
Chaque enfant devrait grandir dans un foyer joyeux, stimulant et aimant. Pourtant, le foyer est souvent l’endroit où l’enfant est exposé pour la première fois à la violence. Pour l’UNICEF, « bien que la violence sexuelle soit souvent associée à des inconnus, les enfants ont davantage de risques d’être agressés sexuellement par un membre de la famille, un ami ou un partenaire intime. Qu’il s’agisse d’un contact physique direct ou d’une exposition non désirée à un langage sexuel, la violence sexuelle envers les enfants est présente dans tous les pays et touche les filles et les garçons de tous les âges ». L’organisation va plus loin pour expliquer que « si les filles et les garçons sont exposés à la violence sexuelle à n’importe quel âge, les filles deviennent particulièrement vulnérables après la puberté. Neuf adolescentes sur dix (de 28 pays) ayant indiqué avoir subi un acte sexuel forcé ont déclaré que l’auteur était une personne de leur entourage ou qu’elles connaissaient. Au rythme actuel, près de deux millions d’enfants et d’adolescents pourraient être tués par un acte de violence d’ici à 2030. Près de 15 millions d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans ont subi un acte sexuel forcé au cours de leur vie » parce que oui, les chiffres sont alarmants.
- Plus de 10 % de jeunes femmes de 5 pays d’Europe ont indiqué avoir été victimes de violence sexuelle avant leurs 15 ans.
- Au Cameroun et au Bangladesh, plus d’1 adolescente sur 5 a indiqué avoir subi un acte sexuel forcé.
Pour plus de lois
L’activiste-militante Camerounaise Minou Chrys-Tayl, qui se bat pour les droits des femmes en Afrique, explique qu’en Afrique Francophone, dans la plupart du temps et aussi par rapport à tous les témoignages que reçus, « on a un gros souci en matière de lois, et aussi du fait que la violence à l’égard de la femme est intégrée. C’est-à-dire qu’une femme n’a pas le droit de se plaindre si par exemple son mari a envie de faire l’amour et elle ne veut pas, alors que c’est un viol ». Pour Maitre Irenée Gassi qu’on parle de viol sur mineurs ou pas « les éléments constitutifs du viol sont définis de la même façon et sont les mêmes mais il existe dans chaque pays, un code de l’enfant qui est un texte spécial qui réprime le viol sur mineur ». Irenée Gassi informe néanmoins que « il y a viol en cas de rapport sexuel non consenti. Il y a rapport lorsqu’il y a pénétrations peu importe la voie (buccale, nasale, annale, etc.). Le défaut de consentement est présumé chez le mineur de moins de 18 ans car le législateur estime qu’un mineur n’a pas de discernement pour accepter un acte aussi grave. En principe, le viol sur mineur est un crime puni comme tel ».
Au Maroc par exemple, c’est en Février 2018 que le parlement marocain a adopté la loi sur les violences faites aux femmes. Six mois après son adoption, elle est entrée officiellement en vigueur le mercredi 12 septembre 2018. Cette loi qui constitue un grand pas dans ce royaume qui enregistre de plus en plus de viol sur mineurs, recèle encore des insuffisances. « On ne peut pas nier qu’elle défend les droits des femmes mais elle ne mentionne pas toutes les formes de violence telles que le vol entre époux et le viol conjugal. Ce dernier est qualifié de « tabou » dans notre société marocaine, il est rarement discuté alors qu’il y a chaque jour des milliers de viol commis au sein de couples » nous dit Bounasser Safa, une jeune marocaine.
La société, le sentiment de honte des victimes, le poids financier et l’influence des auteurs de viol, constituent plusieurs éléments qui obligent les victimes de viol et leurs familles à garder le silence. Un fait qui doit être corrigé et plus encore quand il s’agit de viol sur mineurs.