Alcool frelaté : un tueur silencieux
Il pullule sous les hangars dans nos marchés. Les bonnes dames dans les rues l’accrochent à leurs boutiques. Il, c’est l’alcool frelaté vendu à moindre prix dans plusieurs villes d’Afrique. Les consommateurs, accros de ces produits, leurs donnent les noms qui leurs conviennent mais propre à chaque ville, région ou pays. S’ils trouvent satisfaction après consommation de ce type d’alcool, ceux-ci ne sont pas sans conséquences sur leur santé. Déjà que l’abus de l’alcool nuit gravement à la santé, les experts soutiennent la gravité quand il s’agit en plus du frelaté. On en parle !
Un mardi, en plein mois de février. Il est 13h, le soleil est au beau fixe et frappe de ses rayons les apprenants qui sont sur le chemin du retour de l’école. Ce quartier Togba, situé dans la commune d’Abomey-Calavi au Bénin est assez calme. On entend que de loin, les bavardages des écoliers dans les rues. Vendeurs ambulants, conducteur de taxi-moto communément appelé « Zémidjan » sont un peu rares dans la rue. La plupart est au repos, à l’abri soit dans leur maison ou sous des arbres. C’est dans ce calme apparent, qu’un grand cri s’élève de loin. En quelques secondes, le cri a réussi à alerter tout le quartier, faisant déplacer ceux qui sont au repos. Tous couraient vers une maison habitée par des conducteurs de taxi-moto. L’objet des cris vient d’une baraque faite en pailles devant cette maison. Un monsieur, la cinquantaine au plus, venait de faire ce qui s’apparente à une crise d’AVC. « Il ne respire plus » criait la foule. Alors que d’autres hésitaient sur l’attitude à adopter, nous remarquons Grégoire, connu dans le quartier, qui se faufile discrètement de cette baraque et qui prend la fuite après quelques pas. La foule en délire laisse la victime et se lance derrière lui. Pendant ce temps, d’autres conducteurs de Taxi-motos, ont pu embarquer le malade pour l’hôpital le plus proche. La foule réussira à ramener le fuyant en même temps qu’une voiture de police apparait. Après quelques questions, la voiture de police embarquera le monsieur qui fuyait, quelques zémidjans et fermera la baraque et fera la saisie de la clé. Mais que se passe-t-il ?
En effet, cette baraque qui vient d’être fermée par la police appartient à Grégoire. Grégoire, vient du département du Couffo. Installé dans ce quartier depuis quelques années, il était un zémidjan mais à finir par délaisser ce métier. Depuis quelques mois, il a ouvert cette barque devant sa maison et y vend des boissons traditionnelles, du whisky en sachet venus du Nigéria communément appelé « Azota » ici, différents types de liqueurs de sources douteuses, de la cigarette. Les habitants du quartier le savent tous : la baraque de Grégoire rassemble toute la journée des zémidjans, des artisans et parfois même quelques jeunes à l’allure bizarre. Souvent, ça bavarde, ça fume, ça mélange des alcools et d’autres éléments, ça se bagarre mais jamais un membre de cette baraque ne s’est attaqué à un habitant du quartier. Tout se déroulait donc bien jusqu’à ce jour où, ce zemidjan, buvant depuis des heures, fait une crise pour excès d’alcool et de produits bizarres, du moins selon ses amis revenus de l’hôpital. Depuis lors, la baraque de Grégoire est restée fermée, le propriétaire emprisonné, et sa femme se bat difficilement pour nourrir les enfants.
Nuisible pour la santé et la société
Qui ne le sait pas ? Les conséquences de l’alcool sont très dangereuses pour la santé. Même sur les publicités des marques d’alcool, on peut lire souvent « l’abus de l’alcool nuit gravement à la santé ». Il est donc clair que la consommation de ce produit doit se faire dans la modération. Mais certaines situations de la vie, poussent des gens à tomber dans l’alcoolisme. Or, dans les pays africains, l’alcool n’est pas toujours de bonne qualité. Dans plusieurs pays d’Afrique, on retrouve la fabrication de l’alcool traditionnel, vendu à moindre frais. Cet alcool ne subit souvent aucune vérification avant d’être mis sur le marché. Mieux, les boissons alcoolisées venus d’ailleurs sont presque toutes contre-façonnées dans des endroits douteux et mis sur le marché à vil prix. Il y a même des localités où les habitants sont connus comme étant des producteurs de whisky, boissons contrefaçons. Il n’est donc pas rare de voir sur les étalages, dans les magasins, des boissons alcoolisées non identifiées, vendues au vu et au su de tout le monde. Africa Post dans un article sur le sujet, confirme « Jakarta au Sénégal ou Kitoko au Cameroun, on peut se procurer le « whisky du pauvre » dans tous les marchés et chez les boutiquiers africains. On le trouve sous forme de sachets allant de 50 à 200 millilitres contenant du whisky, de la vodka ou encore du rhum à très forte teneur. Malheureusement, ces boissons ne sont pas sans danger ».
Les experts sont unanimes sur le sujet. L’alcool est dangereux pour la santé. Pire quand il s’agit de l’alcool frelaté. Les cancers, la cirrhose, les effets sur le cerveau, la dépendance, les maladies cardio-vasculaires sont autant de risques que court un consommateur d’alcool. Santé Publique explique que la consommation régulière d’alcool élève la pression artérielle et augmente le risque d’hypertension. « L’effet de l’alcool sur la pression artérielle est dose-dépendant mais le risque d’hypertension artérielle augmente différemment chez les hommes et chez les femmes : chez les hommes : toute consommation d’alcool est associée à une augmentation du risque d’hypertension artérielle. Chez les femmes : le risque est accru pour une consommation supérieure à 30 g d’alcool par jour » dit le site.
Dans des pays qui ont déjà de difficultés à gérer les problèmes sociaux, l’idéal serait d’avoir plus de contrôle sur la consommation des boissons alcoolisées par les habitants. Mais, il est clair qu’il faudra attendre longtemps avant de constater la régulation de ce secteur.
Pour encore mieux comprendre le sujet, une interview d’un médecin bientôt.