MALI/ENLEVEMENT DE SOUMAÏLA CISSE : LE NEGOCIATEUR ENLEVE
Le 25 mars, le leader de l’opposition malienne et président de l’Union pour la République et le développement (URD), Soumaïla Cissé, a été enlevé, en même temps que des membres de sa délégation, eux, libérés. Il faisait alors campagne dans sa région natale de Niafunké, près de Tombouctou, dans le nord du pays, pour le premier tour des législatives tenu le dimanche 29 mars. Médiateur dans les négociations pour la libération de l’opposant, Amadou Kolossi, le maire de la commune de Koumaïra, est à son tour pris en otage.
Enlevé depuis le 25 mars dernier au cours de la campagne pour les législatives qu’il menait dans son fief, le chef de fil de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé est toujours aux mains de ses ravisseurs. Les membres de sa délégation enlevés avec lui, environ une douzaine, ont été libérés quelques jours après. Quatre parmi eux ont été blessés et une personne décédée selon les informations relayées par les médias internationaux. Pour obtenir sa libération, son parti a monté une cellule de crise le lendemain, avant celle du gouvernement installée une semaine après l’enlèvement et après le premier tour des élections législatives, maintenues malgré cette disparition et le risque de la pandémie du Covid-19.
Amadou Oumar Kalossi, membre du même parti que Soumaïla Cissé, et maire de la commune de Koumaïra, située au sud de Tombouctou, conduit les négociations tente. Mais, selon les informations relayées par Jeune Afrique ce 10 avril, ce dernier est lui aussi devenu otage. Il serait retenu par des jihadistes de la Katiba Macina, un groupe armé apparu en 2015 au nord du Mali lors de la guerre qui y a sévi.
Le point des recherches
On ignore encore la date précise de l’enlèvement du médiateur. Mais mardi 7 avril, le ministre malien des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, a réclamé sa libération immédiate devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Quant à Soumaïla Cissé, jusqu’à ce deuxième enlèvement, les négociations semblaient sur la bonne voie pour sa libération, selon les informations officielles, même si aucune preuve de vie n’a été donnée jusqu’à ce jour. .
Le jeudi 26 mars, vingt-quatre heures après l’enlèvement de leur leader, le responsable de la cellule de crise mise en place par son parti déclarait au micro de RFI que Soumaïla Cissé se porterait bien. « Nos représentants locaux, notamment ceux de Koumaïra, sont en relation avec tout le monde dans la zone. [Ils] certifient qu’il se porte bien. », rassurait-il. De son côté, le gouvernement indiquait que « Toutes les dispositions pratiques sont prises » pour le retrouver. La Mission de l’ONU au Mali, la Minusma, avait même fait décoller un avion pour participer aux recherches, quelques jours après l’enlèvement.
Selon RFI, il n’y a eu à ce jour aucune revendication pour ces deux enlèvements. « Soumaïla Cissé et Amadou Kalossi sont-ils ensemble ? Nous n’avons pas de réponse », explique Salifou Sanaogo, vice-président de l’URD au micro de cette radio.
Le jeudi 2 avril, le ministère malien de l’Administration territoriale a rendu public les résultats provisoires du premier tour des élections législatives. Sur dix-sept députés élus, le parti au pouvoir le Rassemblement pour le Mali (RPM) a obtenu huit sièges, contre trois pour l’Union pour la démocratie et la République (URD), parti de l’opposant enlevé, qui figure parmi ces députés élus dès le premier tour. Le second tour est prévu pour le dimanche 19 avril, alors que le pays est touché par le Covid-19 et que la situation sécuritaire ne s’est pas encore améliorée. Reste à savoir les revendications réelles des ravisseurs des deux otages et si ce deuxième enlèvement ne complique pas les négociations.