Sante/coronavirus : une pandémie qui remet tout en cause

By on 10/04/2020 0 973 Views

Depuis mi-décembre 2019, le monde fait face à une crise sanitaire sans précédent dû au nouveau coronavirus du nom de Covid-19. Parti de la ville de Wuhan, en Chine centrale, l’infection s’est étendue aujourd’hui à 191 pays et territoires et touche désormais plus de 1 500 000 cas confirmés avec plus de 90 000 morts dans le monde. L’Afrique, avec 52 pays touchés selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine, compte 11 424 de cas confirmés pour 572 morts. La mobilisation générale contre cette maladie a donné lieu à des mesures extrêmes jamais envisagées dans le monde libre et les habitudes autrefois jugées indispensables entre les humains sont déconseillées, le temps que la pandémie disparaisse.

Le virus Covid-19, détecté sur le marché de Wuhan, en Chine, lieu à partir duquel il s’est répandu dans presque tous les pays à travers le monde, infectait seulement des animaux sauvages. Désormais, il se transmet d’homme à homme. La transmission interhumaine est avérée par voie respiratoire, contact étroit avec un malade à moins d’un mètre (postillons, toux, éternuements).

Une maladie particulière …

Le Covid-19 a un fait remarquable : sa rapidité d’expansion. Le virus voyage très vite. Cette particularité, Serge Morand, écologue de la santé au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), le décrit si bien dans un article publié sur le site de RFI. « (…) il était tranquillement dans une chauve-souris au mois d’octobre, quelque part en Asie, et cinq mois plus tard, il est dans toutes les populations humaines sur toute la planète. C’est absolument incroyable et invraisemblable cette rapidité. (…) » Pour se prémunir du nouveau coronavirus, des mesures unanimes sont recommandées dans tous les pays du monde. Il s’agit des « gestes barrières ». Se laver très régulièrement les mains (avec du savon ou du gel hydroalcoolique) ; tousser ou éternuer dans son coude ou dans un mouchoir ; utiliser des mouchoirs à usage unique puis les jeter immédiatement ; saluer sans se serrer la main et éviter les embrassades ; conserver au moins un mètre de distance avec les autres personnes. En plus de ces mesures communes, chaque pays, selon l’appréciation de la situation par ses dirigeants, adopte d’autres. Dans de nombreux pays occidentaux, le confinement s’est imposé comme une nécessité absolue pour stopper la propagation de l’épidémie. Le vendredi 27 mars, comme le rapporte le site vaticannews.va, le Pape François a présidé un temps de prière devant une Place Saint-Pierre totalement vide en raison de la pandémie du Covid-19. Inédit ! Il faut dire qu’avec le nouveau coronavirus, tout ce qui était de l’ordre de la normalité est désormais anormal et vice-versa !

Des actes que des gouvernements dits démocratiques ne pouvaient jamais imaginer prendre, même en secret, se sont imposés comme mesures indispensables pour endiguer la propagation. En tant de paix sanitaire, fermer une école ou interdire une prière religieuse soulèverait des protestations jusqu’au Conseil de Sécurité de l’ONU. En Algérie, le Hirak, mouvement populaire qui a balayé l’ex-président Abdelaziz Bouteflika et qui, depuis le 22 février 2019, manifestait chaque semaine pour exiger entre autres le départ du système est suspendu. Avant, les répressions, encore moins les promesses du nouveau pouvoir n’ont pu les convaincre d’arrêter. De l’autre côté, des décisions que des régimes dits dictatoriaux ou des groupes radicaux n’auraient jamais prises, même sous la menace d’une quelconque sanction se sont avérées des mesures indispensables pour freiner l’expansion du virus. L’Iran a libéré des milliers de prisonniers. L’un des trois principaux groupes armés séparatistes anglophone au Cameroun a répondu favorable à l’appel au cessez-le-feu « partout dans le monde » lancé le 23 mars par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres dans le contexte de lutte contre le Covid-19. Les plus grands médiateurs du monde n’ont pu avoir gain de cause auprès des belligérants et aucune sanction n’a pu infléchir les positions des gouvernements autoritaristes. A cause du Covid-19, Emmanuel Macron a eu un répit avec les gilets jaunes, et la très controversée et combattue réforme des retraites a été rangée pour le moment.

Le virus contraint à la propreté
Internet ; lalibre.be

Qui laissera des traces

L’épisode de cette crise sanitaire inédite induira à coup sûr un nouvel ordre, dans un sens comme dans l’autre. Du point de vue des relations humaines, le Covid-19 a créé de la distance entre les hommes, à travers les gestes barrières. Par mesure de sécurité, même dans les familles, la mesure de la distanciation sociale d’au moins un mètre est recommandée. Par peur de les contaminer, les parents se méfient d’embrasser leurs enfants de retour à la maison, sauf après s’être nettoyé convenablement. La spontanéité a disparu dans l’expression de la chaleur humaine et chacun s’y fait pour se sauver et sauver l’autre. Ce virus éteint notre humanité.

Sur le plan économique et industriel, comme le relève Perpétue Houéfa AHOMAGANON dans son article où elle s’interrogeait sur l’impact du nouveau coronavirus sur l’environnement, on assiste à une « réduction du transport routier, baisse du trafic aérien, confinement de la population, diminution de la consommation et arrêt temporaire des usines ». Ce qui, renchérit-elle, a entraîné des bénéfices inattendus pour le climat. Des études ont montré la baisse de la pollution dans le monde. La pollution sonore a baissé avec la fermeture des bars et des lieux de culte. Avec le coronavirus, on s’est subitement rendu compte qu’on pouvait vivre ou agir autrement que d’habitude.

Dans un article publié le 28 mars, RFI rapporte les témoignages des habitants dans certaines villes occidentales durement touchées par la pandémie. Des propos qui résument mieux la nouvelle donne qu’induit le Covid-19. « C’est une situation sans précédent pour tout le monde, y compris pour ceux qui ont connu les restrictions des années 40. Je pense que la vie ne sera plus vraiment comme avant. », concède Jonet Bown, 75 ans, retraitée à Harrogate au Royaume-Uni. Pour Ricard Closa, 56 ans, agent d’assistance à la personne dans un centre de santé à Igualada en Espagne, « Cette situation devrait nous faire réfléchir à notre modèle de société. Quelle échelle de valeurs avons-nous ? De quoi nous soucions-nous vraiment ? Nous devons ouvrir les yeux et changer nos habitudes. (…) » Parmi ces témoignages, c’est Léon Kruitwagen, 55 ans, directeur d’une agence en évènementiel à La Haye au Pays-Bas qui conclut, sur un ton de défi lancé aux humains à travers le monde. « Cette crise mondiale nous montre la fragilité de notre existence. (…)  C’est le moment opportun pour inventer un autre monde. »