Activisme en Afrique : l’arme de plusieurs luttes ?
Il s’observe depuis plusieurs années et de plus en plus, une autre forme et façon de lutter dans les pays du monde. En effet, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, en particulier la téléphonie mobile et les réseaux sociaux, entraînent des changements importants dans la circulation de l’information sur les différents continents. Les NTIC et les réseaux sociaux ont permis de ne plus concentrer les combats dans les rues et dans les bureaux. Désormais, ce sont ces outils qui sont les moyens fiables pour faire adhérer nombre de personnes à sa cause. Ainsi, on voit de plus en plus sur les réseaux sociaux, des activistes prêts à tout pour se faire connaitre, défendre une cause, aller au bout de leurs idées et gagner la bataille s’il le faut.
Le nouveau rapport digital 2018 publié par We Are Social et Hootsuite révèle que désormais, ce sont plus de 4 milliards de personnes dans le monde qui utilisent internet. Plus de la moitié de la population mondiale est maintenant connectée à internet, avec plus d’un quart de milliard de nouveaux utilisateurs en 2017. L’Afrique est le continent qui a connu la croissance d’internautes la plus rapide : plus de 20 % en un an. Mieux selon le même rapport, « l’utilisation des médias sociaux poursuit également sa croissance rapide et le nombre de personnes utilisant la plateforme sociale prédominante dans chaque pays a augmenté de près de 1 million par jour sur les 12 derniers mois. Plus de 3 milliards de personnes à travers le monde utilisent les réseaux sociaux chaque mois et 9 sur 10 y accèdent via des appareils mobiles ». Ce rapport nous montre la croissance rapide d’internet et des réseaux sociaux dans notre quotidien. Une preuve que l’activisme a encore de beaux jours devant lui. Notons avant tout que l’activisme selon le dictionnaire Larousse est « un système de conduite qui privilégie l’action directe (en particulier dans le domaine politique, social). C’est une attitude morale qui insiste sur les nécessités de la vie et de l’action et sur les compromissions nécessaires avec des principes trop stricts ». On distingue donc plusieurs catégories d’activisme. Il y a l’activisme politique, social etc. En politique, le mot activisme est une pratique qui préconise l’action directe ; le terme activisme peut par ailleurs être employé, par anglicisme, pour désigner le militantisme pris au sens large. Alors que l’action directe, dans les domaines politiques et sociaux, désigne le mouvement d’un individu ou d’un groupe qui agit par lui-même, afin de peser directement sur un rapport de force pour changer une situation et ceci, sans déléguer le pouvoir à un intermédiaire.
Outil de pression
Le 25 novembre de chaque année, le monde célèbre la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Cette année, l’organisation des Nations Unies a lancé une campagne sur ce phénomène. Le thème de la campagne 2019 est : « Orangez le monde : La « Génération Égalité » s’oppose au viol ». Comme pour les éditions précédentes, cette date marque aussi le début des 16 jours d’activisme pour mettre fin à la violence faite aux femmes, qui se termineront le 10 décembre 2019, date de la Journée des droits de l’homme. Il en a fallu de peu pour que les activistes qui défendent les femmes prennent d’assaut les médias sociaux. Le hastag Orangezlemonde est devenu populaire. Dans chaque pays, les activistes comme la Camerounaise Minou-Chrystal, s’organisent pour venir à bout de cette lutte : éradiquer les violences faites aux femmes.
Septembre 2018 : un décret instaurant le prélèvement d’une contribution sur les forfaits réseaux sociaux et sur internet, du Gouvernement béninois engendra la sur-taxation des forfaits internet au Bénin. Très vite, les activistes du pays, les blogueurs, les internautes ont pris d’assaut les réseaux sociaux. La lutte a été surtout virale. La mobilisation des activistes, leur force à faire adhérer plusieurs personnes à cette cause sans aller dans la violence, ont fait lever ce décret quelques jours après. L’annulation a été effective. Les activistes, les internautes ont gagné.
A cause des actions des activistes écologistes, plusieurs décisions ont été déjà prises par les autorités de plusieurs pays pour un environnement plus propre et sain. La lutte contre les sachets plastiques, la déforestation, l’insalubrité sont autant de victoires à l’actif des activistes. Mais ces derniers subissent aussi des menaces, des arrestations, etc. vu les causes qu’ils défendent.
Une activité à risque
Il ne passe un jour sans que des activistes font état sur les réseaux sociaux, des menaces constantes qu’ils reçoivent dès qu’ils s’engagent dans une lutte. Ces menaces viennent des autorités, et parfois, on assiste à l’arrestation de certains d’entre eux. En 2017 déjà, le rapport d’Amnesty International publié en mai alertait que « société civile, avocats, journalistes et autres militants sont victimes de persécutions et de menaces « sans précédent » notamment en Afrique de l’Ouest et centrale ». Dans une interview accordée à Le point, Laurent Duarte, coordinateur de la coalition Tournons la page explique sur l’activisme « qu’il y a un nouvel esprit. Ces mouvements redonnent du souffle aux luttes du passé. Ils sont ultra-connectés et mondialisés ». En 2017, le journal Le Point Afrique a répertorié le nombre de personnes arrêtées et officiellement inculpées, puis condamnées ou relaxées, et a passé au crible les rapports des ligues des droits de l’homme présentes dans chaque pays du continent africain. « Au total, nous avons comptabilisé 770 personnes qui ont eu maille à partir avec la police ou la justice depuis janvier 2017 ». Le journal donne à titre d’exemple le cas de deux activistes tchadiens. Le 6 avril, deux membres de la coalition Tournons la page ont été arrêtés au lendemain d’une journée de mobilisation « contre la mauvaise gouvernance, la pauvreté, l’injustice et l’impunité qui prévalent » dans leur pays. Ils ont été condamnés à six mois de prison avec sursis pour « provocation à un attroupement ».
En Afrique du Sud, Human Rights Watch ainsi que les associations Centre for Environmental Rights, groundWork et Earthjustice dans un nouveau rapport et une vidéo ont déclaré en avril 2019 que « les activistes communautaires dans les régions minières en Afrique du Sud sont harcelés, intimidés et parfois victimes de violences. Les agressions et le harcèlement ont créé un climat de peur pour les membres de la communauté qui s’efforcent d’alerter l’opinion sur les dommages que subissent leurs moyens de subsistance à cause des graves risques environnementaux et sanitaires liés à l’extraction minière et aux centrales électriques à charbon ».
Ces différents cas, prouvent que l’activisme reste un moyen de pression sur les dirigeants et peut dont aider soit au développement, soit à éradiquer plusieurs maux qui minent nos sociétés. Activistes de tous les pays, unissez-vous donc !!!
Dans un second article à venir, nous vous ferons le portrait de 5 activistes africains!