Capitales africaines : Quand les ventes à la sauvette sauvent des vies, contre la loi
Le secteur informel nourrit plus de 50% de la population africaine surtout dans les pays en voie de développement selon les chiffres de la Banque Africaine de Développement. Que ça soit dans l’industrie, dans le tertiaire et surtout dans le commerce, plusieurs activités sont développées chaque jour et nourrissent des familles. L’une de ses activités est la vente à la sauvette. Très présente dans plusieurs capitales africaines, elle reste une activité à haut risques.
Lomé, capitale de la République du Togo ce samedi 27 octobre 2018. Il est midi. Le soleil est au zénith. Dans les feux tricolores installées ça et là dans la ville, on remarque des petits étalages de divers articles proposés par des vendeurs. Ici, tout est plus ou moins calme. Les vendeurs laissent le choix aux passants et aux conducteurs de décider si tel ou tel article les intéresse. Mais ce constat n’est pas le même dans d’autres capitales africaines. Cotonou, Dakar, Lagos ou encore à Abidjan, dès que les feux tricolores passent au rouge, motocyclistes, taximan, tous sont envahis par des vendeurs qui leurs présentent divers articles. Durant les quelques minutes que dure ce temps d’arrêt un véritable échange vendeurs-acheteurs s’installe. Le routier se voit même imposer parfois l’achat de tel ou tel produits.
Après une journée harassante de travail, Monsieur Lucien vient de s’arrêter au feu rouge du carrefour cica toyota à Cotonou. Quelques secondes après, un jeune se présente devant sa voiture et sans demander son avis, commence à essuyer ses pares brises. Malgré son refus, le travail a été fait. Dépité, il se voit contraint de glisser au jeune quelques pièces de monnaie. Pendant ce temps, d’autres comme lui se voient proposer des amuses gueules, des appareils électro ménagers, des produits cosmétiques etc… Tout comme ce grand carrefour de Cotonou au Bénin, ces vendeurs à la sauvette se remarquent aussi dans la capitale sénégalaise. Kamal, cuisinier à Dakar nous explique que même si ces vendeurs n’ont pas accès à certains quartiers comme Almadies, Ngor ou autres quartiers résidentiels, ils sont pourtant très présents dans la circulation dakaroise. Son compatriote, acteur de la société civile sénégalaise, préférant garder l’anonymat nous explique « à Dakar, le phénomène de la vente à la sauvette ou commerce des marchands ambulants est présent et entre dans le cadre des activités du secteur informel ». Ces vendeurs nous dit il, se retrouvent sur la voie de dégagement du Nord jusqu’au centre-ville malgré l’existence de marchés comme Thiene, Sandaga etc… « Des fois, c’est pratique cette vente, car elle nous arrange et constitue un recours pour créer des emplois ou des revenus » ajoute-il avant de nous expliquer qu’il s’agit quand même d’une activité dangereuse.
Des mesures inefficaces
En effet, ces vendeurs à la sauvette se retrouvent le plus souvent au niveau des grands carrefours ainsi qu’au niveau des feux tricolores. Ils ont quelques minutes entre deux arrêts de la circulation pour vendre leurs produits. Et quand donc les feux passent au vert, c’est le sauve qui peut. Accident, perte d’argent, cris, tout y est. Pour l’acteur de la société civile sénégalaise ces vendeurs s’exposent à des accidents avec les courses poursuites et contribuent aux embouteillages récurrents à certaines heures à Dakar. Mieux, « du fait de leur non enregistrement par l’Etat, certains vendeurs se voient souvent déguerpis par la police pour occupation irrégulière des espaces publics » nous témoigne t’il.
Il est désormais « formellement interdit la vente à la sauvette au niveau des carrefours, sur les trottoirs et les terre-pleins centraux de la ville de Cotonou ». Par un arrêté préfectoral datant du 12 février 2018, le préfet du département du Littoral au Bénin, Modeste Toboula a interdit la vente à la sauvette dans la ville de Cotonou. A Dakar, des mesures pareilles avaient été prises par les autorités municipales. En 2016, sous l’œil vigilants de plusieurs policiers, des vendeurs ambulants ont été chassés manu militari des sites et carrefours qu’ils fréquentent. Des sites provisoires leurs avaient été mis en place pour la vente. Mais la situation reste la même. Quelques semaines après la répression, les vendeurs reviennent aux lieux habituels.
Face à cet état de chose, l’acteur de la société civile sénégalaise propose qu’il faille « régulariser ces commerçants. Ensuite construire des espaces où ils pourront exercer dans la légalité ». Son compatriote Kamal dira la même chose. La construction de sites officiels notamment des marchés pour ces vendeurs pourront régulariser la situation et permettra moins d’embouteillages sur les grandes routes propose t’il.