La kora, un instrument de musique, une histoire !
Le 21 juin de chaque année et ce depuis 1982, plusieurs pays du monde célèbre la fête de la musique encore appelée « World Music Day ». A travers chants, danses, instruments, des musiciens se mettent en quête de faire connaitre leur art en mélangeant parfois tradition et modernité. En Afrique où la musique fait partie du quotidien de vie, l’un des instruments utilisés pour valoriser la musique est la Kora.
« La musique adoucit les mœurs ! ». Cet adage populaire donne à la musique une vertu thérapeutique. Pour ses plus grands amateurs, c’est le moyen le plus sûr pour s’évader dans un monde où son imaginaire prend le dessus. « La musique nous conduit dans des contrées où il nous est plus facile d’être maitre de nos émotions. Et quand on écoute une bonne musique faite à base de certains instruments comme la guitare ou la Kora, c’est encore plus profond. » Idrissa est un étudiant Malien en Réalisation mais aussi un grand passionné de musique. Pour ce jeune réalisateur, la musique qui adoucit les sens reste sans aucun doute celle qui se fait à base de « la Kora ». « Je suis Malien et depuis ma naissance, mes parents ont bercé mon enfance avec de belles mélodies accompagnées de cet instrument. Si avant, je trouvais cela un peu soûlant vu mon envie pressante de découvrir le monde, aujourd’hui, je n’arrive plus à m’en passer. Et puis c’est un instrument de chez nous, la Kora » nous raconte de façon enthousiaste Idrissa.
Ses origines…
La Kora est un instrument de musique originaire d’Afrique de l’Ouest. Utilisée par les griots Gambiens, Sénégalais, Maliens, Mauritaniens, sa découverte remonte au 19ème siècle même s’il est impossible de préciser exactement sa date de naissance. La kora est un des instruments des familles « Mandingues » d’Afrique de l’Ouest pratiquant l’art de la « djéliya ». L’histoire raconte qu’elle est pratiquée notamment par les Sissoko ou Sissokho ou Cissoko ou Cissokho (Guèye), les Suso, les Diabaté, les Diabakhaté, les Jobarteh, les Kouyaté, les Kanouté, les Tounkara, les Konté et les Kanté du Sénégal, de la Gambie, de la Guinée Bissau, du Mali, de la Guinée ou de la Sierra Leone. Selon certains récits de djélis (griots), elle serait originellement l’instrument des Socés et des Khassonkés. Une version confirmée par Idrissa. « Nous ne pouvons raconter de façon exacte l’histoire de la Kora. Chaque pays, chaque famille de griots, raconte sa version de l’histoire. L’essentiel c’est de savoir qu’elle est originaire d’Afrique précisément des mandingues. » nous précise-t-il.
Utilisée lors d’événements de réjouissance comme les naissances et les mariages mais aussi lors des rencontres, la Kora est constituée d’une grosse demi-calebasse de 40 à 60 cm de diamètre, évidée et percée d’un trou de 10 cm de diamètre et décorée plus ou moins richement. Elle est recouverte d’une peau de vache, de bœuf, de cerf ou de daim, parcheminée tendue mouillée, qui sert de table d’harmonie et dont dépend l’ampleur du son.
Le manche long d’environ 1 m 20 à 1 m 40 assure la liaison entre les principaux éléments vibrants de la kora (cordes et calebasse) et est fait traditionnellement d’une longue pièce de « bois de vène ». Les cordes de la kora, à l’origine en fibres d’écorces de baobab, reposent sur un grand chevalet en bois, maintenu sur la peau par la seule pression des cordes dont le nombre est généralement de 21. Cependant, on rencontre parfois des koras équipées de 22 à 28 cordes, notamment en Casamance au Sénégal, et il existe même un modèle spécial de 32 cordes.
L’instrument de toutes les générations !
Instrument de grande douceur, le son de la Kora est scintillant dans l’aigu et chaud dans les graves invitant à un voyage sonore fort agréable. Utilisée entre temps surtout par les griots, la kora a connu une révolution depuis quelques années. Elle a accompagné de grands artistes du continent africain. Lamine Konté, Toumani Diabaté sont des artistes qui ont popularisé cet instrument. « Toumani Diabaté » reconnu en Afrique de l’Ouest comme étant le roi de la Kora a remporté par deux fois en 2006 et en 2011 le Grammy Award du meilleur album de musique traditionnel du monde.
« C’est une grande fierté pour nous de savoir qu’avec la Kora, on peut faire de la musique appréciée de tous. Ça nous donne de l’espoir aussi » confie le jeune Idrissa. Suivant les traces de son père Toumani Diabaté, le jeune musicien « Sidiki Diabaté« , issu de la « 72ème génération » d’une famille de griots et de joueurs de Kora, fait désormais de la musique à base de cet instrument. Surnommé le petit Prince de la Kora, sa musique connait depuis quelques années des jours heureux. Un fait qui prouve qu’avec même une touche de modernité, la Kora reste un instrument de bonne musique.