Inondation en Afrique de l’Ouest : un drame causé par l’homme
En Afrique notamment dans les pays du Sahel, la grande saison des pluies s’étend de juin à septembre (de juillet à août au Nord des régions concernées). C’est une période de pluies torrentielles qui entraine de graves conséquences sur la vie des populations. Des populations dont la plupart sont dans des villes côtières. Mieux, la construction des maisons dans ces villes suit rarement des plans et des études approfondies. Conséquence, plus les années passent, plus les populations font face à de graves inondations faisant des morts et des sans-abris.
En cette 2ème semaine du mois de juin 2020, des pluies diluviennes tombent successivement depuis le début de la semaine dans plusieurs capitales de pays de l’Afrique de l’Ouest. De Cotonou en passant par Lomé à Abidjan, les populations dorment et se réveillent sous cette musique des eaux sur les toits de leurs maisons. Il n’a pas fallu des jours avant que les conséquences de ces fortes pluies n’inondent la toile. Le Journal La Croix raconte « un glissement de terrain a emporté un hameau d’une vingtaine de maisons à Anyama, dans la banlieue nord d’Abidjan, faisant au moins 13 morts et de nombreux disparus ensevelis sous des tonnes de boue, après des pluies diluviennes ces derniers jours ». Avec à l’appui, les témoignages des sinistrés, le journal détaille que des centaines de personnes, dont certaines s’enfoncent par moment jusqu’aux genoux, voire jusqu’aux hanches, dans la boue tentent de retrouver des survivants, tout en récupérant casseroles, portes, documents, vêtements et chaussures que l’éboulement a dispersés sur 70 mètres. Une situation due au fait qu’un tunnel d’évacuation des eaux s’est bouché il y a trois ou quatre mois, créant une retenue d’eau.
De l’autre côté à Cotonou, la capitale économique du Bénin, le scénario est presque pareil. On ne note pas un éboulement mais à chaque pluie, l’inquiétude est grande et ce malgré les nombreux travaux d’asphaltage initiés un peu partout dans la ville. Mais si les Cotonois essaient d’être plus ou moins tranquille, les habitants de la ville voisine, Abomey-Calavi, ont été eux, durement frappés par la pluie. Dans certains quartiers, l’eau a envahi les maisons, s’installant dans les chambres. Les populations au vu de la hauteur de l’eau, ont été obligées d’abandonner leurs différents habitats pour se réfugier soit dans des églises, soit chez des proches, etc… D’autres se sont retrouvés sans abris. Pourtant, on est encore loin de la fin de cette saison des pluies. Et c’est le même scénario dans d’autres capitales africaines et ceci chaque année. En 2017 par exemple, la Sierra Léone a connu la pire inondation de son histoire. La « catastrophe de Freetown », du nom de la capitale où vivent près de 1,2 million de personnes, a provoqué la mort de près de 500 personnes, dont au moins un tiers d’enfants, ainsi que la disparition de 810 personnes.
Des causes variées
Chaque année, les populations font face à ces inondations et à leurs conséquences. C’est une période où des maladies comme le paludisme connaissent un fort taux de croissance ainsi que les maladies à transmission hydrique ou vectorielle. Plusieurs causes expliquent ces inondations dans ces pays. Pour le technicien en génie civil Judicaël Boris, « la construction anarchique des habitations sans avoir consulté les levés de la zone, la construction dans les bas-fonds qui est un lieu de stationnement d’eau, la monté de l’intensité de la pluie sur une longue période donnée » sont entre autres les causes de ce qu’on constate.
Donnant l’exemple du quartier Agla de Cotonou, il dit « Agla ce n’est pas une zone habitable vu que c’est le point de rencontre des eaux qui viennent de parts et d’autres. De plus elle est en communication directe avec la mer et le lac ».
Dans le même sens, Futura Planète énumère certaines causes. Le site détaille que « le débordement direct d’un cours d’eau dans son lit majeur, suite à des épisodes de fortes précipitations ou à la fonte des neiges hivernales (ce sont les crues). Le débordement indirect d’une réserve d’eau (de surface ou souterraine) suite à la remontée des nappes phréatiques ou bien d’eaux à travers les canalisations. L’accumulation des eaux de ruissellement suite à des précipitations abondantes. Il se peut en effet que les capacités de drainage et d’infiltration d’une zone soient insuffisantes pour évacuer les eaux reçues, qui s’accumulent alors. Ce phénomène est accru lorsqu’il y a eu une imperméabilisation des sols (urbanisation) sans création d’un réseau d’évacuation suffisant ».
Des solutions
Est-il possible de mettre fin à ces inondations dans les villes ? Rien n’est sur ? Le technicien Boris préconise l’évacuation des personnes habitants dans ces lieux suivis de leurs dédommagements. La consultation des levées de zone afin d’éviter les constructions anarchiques. L’identification sur la carte de ces pays, des zones non habitables pas seulement sur le plan inondation mais industriel et sur d’autres plans ». Au Bénin, le conseil des ministres du mercredi 1er juillet 2020 a demandé le renforcement des mesures de protection civile contre les inondations de l’année 2020 vu que les prévisions de l’Agence nationale de météorologie annoncent que les quantités d’eau de pluie attendues cette année sont supérieures à la moyenne de la période 1981 à 2010.
La question de l’inondation en Afrique et principalement dans les pays côtiers doit être au cœur des réflexions. Attendre chaque année le drame avant de penser à des solutions ne permettront pas aux populations d’avoir des conditions de vie plus agréables. Mieux, on verra juste augmenter les chiffres de la pauvreté, des sans-abris, du choléra, de la diarrhée et du paludisme. Toute chose qui n’avantage pas les gouvernants.