Le 7e continent : les conséquences sur la faune marine et sur la santé humaine
De tous les débris marins, les déchets plastiques sont indéniablement les plus nombreux. On estime entre 5 et 13 millions de tonnes, la quantité de plastique qui arrive de l’intérieur des terres et qui est transportée vers les océans chaque année. Ce qui équivaut à une benne d’ordures déchargée chaque minute dans le milieu océanique. La constante présence de ce type de déchets dans le milieu n’est pas sans conséquence. Les effets nocifs sur la faune sont particulièrement remarquables et s’étendent sur toute la chaîne alimentaire.
Les chiffres concernant la production et la vente de plastique chaque année sont ahurissants. Studyrama sur son site explique que dix tonnes de ce matériau sont produites par seconde à travers le monde. Chaque minute, c’est un million de bouteilles en plastique qui est vendu. Mais seulement 9 % sont recyclées et 12 % sont incinérées. Les déchets que constituent les emballages et les bouteilles non recyclés sont ensuite acheminés vers les océans sous l’effet des fortes pluies, des vents et des cours d’eau. Selon leur densité, soit ces déchets plastiques vont couler et se déposer sur les fonds marins, soit ils vont flotter au-dessus de l’eau et être drainés par les courants océaniques. Une infirme partie des débris flottants finit par échouer sur les plages tandis que la plus grande partie est transportée sur des distances impressionnantes. C’est en effet cette dernière qui au gré des forces océaniques, se fragmente en de fines particules. Ces dernières s’amassent ensuite au milieu des gyres océaniques (tourbillons d’eau) et stagnent enfin à la surface de l’eau.
Encore appelé « continent plastique » ou « la grande poubelle du Pacifique », le 7e continent se présente sous la forme d’une énorme plaque de déchets plastiques (vortex) qui se situe au Nord-est de l’océan pacifique. Il s’agrandit de jour en jour et atteint aujourd’hui près de 3,5 millions de kilomètres carrés et une profondeur de 40 mètres. Cependant, même s’il constitue la plus grande surface océanique polluée sur le globe, il ne s’agit pas du seul continent plastique qui existe. En réalité, on distingue 5 gyres océaniques où on rencontre ce type de pollution : Pacifique Nord, Pacifique Sud, Atlantique Nord, Atlantique Sud et Océan Indien. Par ailleurs, le terme « continent » est utilisé comme une simple métaphore puisqu’il ne s’agit pas d’une étendue de terres, mais plutôt d’un phénomène qui s’apparente à une « soupe de plastique ». « L’image d’un continent sert à sensibiliser le grand public, mais ne rend pas compte de la réalité » confie au journal Le Monde l’océanographe François Galgani. Mais quel est l’impact d’une telle pollution sur les animaux marins et sur la santé humaine ?
Un poison mortel pour la faune aquatique
Les détritus de plastique qui peuplent les océans représentent une menace pour plusieurs espèces marines. FauneSauvage.fr estime que les déchets plastiques ont déjà tué plus d’un million d’animaux marins et que ce sont environ 700 espèces différentes qui sont touchées. En effet, les gyres océaniques sont utilisés par différentes espèces pour se nourrir lors des saisons migratoires.
Ainsi, les oiseaux de mer et d’autres mammifères marins meurent après avoir ingéré des particules de plastique les confondant à leurs proies habituelles. Les poissons ingurgitent également du plastique à partir des phytoplanctons sur lesquels se déposent des nano-déchets. C’est également le cas des animaux qui filtrent l’eau tels que les huîtres et les moules. D’autres parts, les animaux s’enchevêtrent souvent dans des déchets de diamètre supérieur à 5 mm. Ce qui provoque des étouffements, des blessures ou leur immobilisation. C’est le cas des tortues marines, des baleines, des requins et des dauphins qui sont piégés dans des filets de pêche abandonnés ou perdus, les empêchant ainsi de respirer ou de se nourrir.
Outre la toxicité que contiennent les plastiques, ses débris ont la particularité d’attirer et de concentrer différents types de polluant. La plupart sont issus de l’agriculture et de l’industrie tels que les pesticides, le DDT et le PCB. Ces polluants très dangereux sont hautement toxiques pour les animaux qui en consomment.
De la toxine dans nos assiettes
La pollution plastique observée dans les océans peut avoir par rétroaction des conséquences sévères sur la santé des hommes. Certes les effets sur l’organisme humain sont encore peu connus, mais restent certains. Comme l’annonce sur son site la National géographique après une étude réalisée dans un laboratoire de l’Observatoire de la Terre Lamont Doherty (université Columbia) « des microplastiques ont été découverts chez 114 espèces aquatiques. Or plus de la moitié d’entre elles finissent dans nos assiettes ». Ces microparticules de plastique peuvent ainsi se retrouver dans l’organisme à travers la consommation des poissons, des crustacés, etc. Ce qui va par la suite induire de graves conséquences sur la santé. L’association Zero Waste France affirme que « les effets sur la santé peuvent être divers : impacts sur le système respiratoire, perturbations endocriniennes, baisse de la fertilité, hausse des risques de cancer ».
Cette situation très inquiétante, mérite qu’on y accorde une plus grande importance. Car si rien n’est fait, on estime que d’ici 30 ans, il y aura plus de plastique que de poissons dans nos océans. Toutefois, des projets de nettoyage des gyres océaniques sont désormais en cours d’étude. Mais vu l’immense étendu des zones polluées et la quantité de déchets plastiques qu’elles contiennent, il apparaît impossible de les nettoyer de façon définitive. Pour résoudre efficacement ce problème, la plupart des scientifiques s’accordent sur le fait qu’il urge de repenser la production et l’utilisation du plastique afin qu’il ne représente plus un danger ni pour la faune marine ni pour les hommes. Pour y arriver l’implication de tous est donc nécessaire.